La directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) Christine Lagarde a annoncé vendredi qu'elle a été placée sous le statut de témoin assisté à l'issue de deux journée d'auditions devant la Cour de justice de la République (CJR), dans le cadre de l'affaire Tapie.
Christine Lagarde échappe ainsi à la mise en examen, et évite ainsi le sort de démissionner de son poste de directrice générale du FMI.
"Mon statut de témoin assisté n'est pas une surprise pour moi puisque j'ai toujours agi dans l'intérêt de l'Etat et conformément à la loi", a déclaré devant des journalistes Christine Lagarde à l'issue de deux jours d'audition par la Cour de justice de la République.
"Mes explications ont permis d'apporter une réponse aux doutes qui avaient été soulevés concernant les décisions que j'avais prises à l'époque", a indiqué Mme Lagarde, qui a annoncé qu'elle rentrait à Washington "pour rendre compte" au conseil d'administration du Fonds.
Christine Lagarde, ministre de l'Economie de 2007 à 2011 sous le président Sarkozy, a été entendue pendant environ 24 heures en deux jours sur son rôle dans l'affaire Tapie.
La directrice générale du FMI est arrivée jeudi matin à la Cour de justice de la République à Paris, où elle devait s' expliquer sur la décision de l'Etat de recourir à un tribunal arbitral pour solder l'affaire dite Tapie-Crédit Lyonnais.
L'ancienne ministre française de l'Economie fait l'objet d'une enquête depuis août 2011 pour "complicité de faux et détournement de fonds publics" en lien avec son rôle dans la résolution par arbitrage d'un différend judiciaire entre l'ancienne banque publique hexagonale du Crédit Lyonnais et l'homme d'affaires Bernard Tapie.
Selon la presse française, Mme Lagarde devait s'expliquer sur au moins trois points : la décision de recourir à un arbitrage privé pour un conflit impliquant une structure publique, le fait d' avoir fait modifier le protocole initial d'arbitrage afin d'y intégrer la notion de préjudice moral et le choix de la ministre de ne pas exercer de recours contre la sentence arbitrale.
"À l'issue de son interrogatoire, qui est susceptible de se poursuivre vendredi, elle pourrait être mise en examen par les trois juges de la commission d'instruction de la CJR (..) Une issue jugée plus que probable par diverses sources judiciaires", a estimé jeudi le journal Le Figaro. Interrogé jeudi matin sur Europe 1, Bernard Tapie a indiqué ne pas être intéressé ni concerné par le sort de Mme Lagarde.
"Je dois vous dire que le sort judiciaire de Christine Lagarde ne m'intéresse pas du tout. (..) Et deuxièmement, je ne suis pas du tout concerné", a-t-il expliqué.
"Je voudrais rappeler que Mme Lagarde est dans le camp adverse, elle est ministre des Finances, représentante de l'Etat propriétaire de la banque. Moi, j'ai mon camp, elle a le sien", a ajouté l'homme d'affaires.
Pour sa part, l'actuel ministre de l'Economie Pierre Moscovici a déclaré mercredi que Bercy pourrait déposer un recours en nullité contre l'arbitrage rendu en 2008 en faveur de Bernard Tapie, tout en assurant que Mme Lagarde "conserve la confiance des autorités de l'Etat".
"S'il s'avérait que les intérêts de l'Etat ont été lésés, alors Bercy utilisera les voies de droit qui sont à sa disposition, parmi lesquelles la constitution de partie civile dans le volet non ministériel du dossier", a déclaré mercredi le ministre, cité par la presse française.
"Mme Lagarde conserve toute la confiance des autorités françaises et la mienne", a ajouté M. Moscovici.
En mars dernier, l'un des porte-paroles du FMI, Gerry Rice, avait indiqué lors d'une conférence de presse que "le conseil d'administration (qui représente les 188 Etats membres du FMI) a été informé de cette affaire, y compris récemment, et continue d'exprimer sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions".