Il était 19h06 heure locale à Rome quand une fumée s’échappa de la cheminée installée au-dessus de la Chapelle Sixtine, où étaient réunis les 115 cardinaux en conclave. D’abord grise, elle tourna très vite au blanc, signe qu’un successeur à Saint-Pierre avait été trouvé. Immédiatement, une clameur s’envola de la foule déjà nombreuse qui était massée Place Saint-Pierre. Les cloches de la basilique qui sonnèrent immédiatement après ne laissèrent plus de place au doute : un nouveau Pape avait été élu.
Dans la foule, immense, qui envahissait petit à petit la place, une question brûlait les lèvres : qui ? Il fallut attendre 20h10 pour que les fenêtres du balcon de la loggia de la basilique, qui donne sur la Place Saint-Pierre, ne s’ouvrent et que sorte Monseigneur Jean-Louis Tauran, ecclésiastique français qui occupe le poste de protodiacre, chargé d’annoncer au monde l’identité du nouveau souverain pontife. S’exprimant, selon le protocole, en latin, il prononça la phrase rituelle et mythique « Habemus papam » (nous avons un pape), et annonça à la foule et aux centaines de millions de téléspectateurs du monde entier le nom du nouveau successeur de Saint-Pierre, le Cardinal de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, et son nom de règne, François 1er, à la stupéfaction générale de la foule, qui se tut soudainement.
Il est vrai que Jorge Mario Bergoglio, bien que faisant partie des « papabili » (les cardinaux ayant une chance d’être élus), ne figurait pas parmi les favoris ; on parlait beaucoup de l'archevêque de Milan Angelo Scola, du Brésilien Odilo Scherer ou du Québécois Marc Ouellet, sentiment renforcé par le fait que le nouveau Pape avait été élu au 5e tour de scrutin, donc assez rapidement et signe d’une certaine unité du Collège des cardinaux.
C’est vers 20h20 que celui qui est désormais François 1er, 266e Pape et chef spirituel d’1,2 milliard de catholiques, fit son apparition au balcon, avant de s’adresser à la foule avec modestie et bienveillance et dans un italien parfait, puis de de donner sa première bénédiction « urbi et orbi » (à la ville et au monde), sous les acclamations des centaines de milliers de personnes présentes.
Avant de devenir pape, le Cardinal Jorge Mario Bergoglio était archevêque de Buenos Aires. Jésuite, il est le premier pape originaire d’Amérique Latine et le premier pape non européen depuis Grégoire III, élu en 731. Connu pour avoir manifesté, lors du conclave précédent, son souhait de ne pas devenir pape, et pour être un homme abordable, modeste, simple, intelligent et proche des pauvres, le nom qu’il a choisi -qui fait référence à Saint François d’Assise, religieux italien du 13e siècle qui incarnait ces vertus- et sa devise, « Miserando atque eligendo » (humble et pourtant choisi) constituent un symbole fort qui pourrait annoncer une nouvelle ère dans l’histoire de l’église catholique.