Malgré la conclusion d'un accord de dernière minute par le Congrès américain mercredi soir pour éviter un défaut de paiement, le bras de fer budgétaire est loin d'être terminé.
C'est parce que les députés ont échoué à régler la cause profonde du conflit, à savoir le fossé entre les opinions des deux partis sur le rôle du gouvernement.
"Les opinions des deux partis restent nettement divisées sur la politique fiscale et budgétaire", a indiqué à Xinhua un membre de haut niveau de la Brooking Institution, Darrell West, ajoutant qu'"un autre vote sera organisé pour résoudre ces questions-là".
Ces derniers jours, les républicains ont failli conduire le pays au bord de la catastrophe économique en faisant obstruction au relèvement du plafond de la dette publique américaine si les démocrates n'abrogeaient certaines parties du projet de loi controversé sur la réforme du système de santé américain proposé par le président Obama.
La Maison Blanche est restée campée sur sa position, alors que certains critiques accusaient le président de refuser de négocier avec les républicains sur certains volets du projet Obamacare qui pourrait nuire selon eux à l'économie américaine.
Certes, ce bras de fer sur l'Obamacare n'est qu'une bataille parmi d'autres dans une guerre politique de plus grande ampleur. Alors que les partisans de la réforme affirment que l'Obamacare pourrait offrir une assurance maladie abordable à des millions d'Américains qui n'en avaient auparavant pas les moyens, les opposants jurent que la réforme est vouée à être inefficace, injuste et onéreuse pour l'Etat fédéral au moment où le pays accuse une dette d'environ 17.000 milliards de dollars américains -- quasiment l'équivalent du PIB des Etats-Unis -- sans réductions importantes des dépenses publiques à l'horizon.
Tandis que les républicains affichent leurs préoccupations au sujet des dépense astronomiques du gouvernement fédéral des Etats-Unis, aucun des deux camps n'ose s'attaquer aux programmes d'indemnisation tels que le Medicare, le Medicaid et la Sécurité sociale, les trois principaux facteurs de la dette, car un tel geste constituerait une mauvaise décision politique qui mettrait certains politiciens dans de beaux draps.
En outre, personne ne sait pour l'instant si les Etats-Unis seront confrontés de nouveau à un conflit lié au plafond de dette le 7 février 2014, la nouvelle échéance pour le relèvement du plafond de la dette fixée par l'accord de mercredi.
Les républicains, accusés de par le monde d'avoir entrepris des actions irresponsables risquant de plonger le pays dans une catastrophe économique, se sont brûlés les doigts en cherchant à obtenir un compromis sur l'Obamacare. La manoeuvre a grièvement porté atteinte à l'image des républicains, mais cela pourrait leur permettre d'éviter de refaire la même erreur stratégique au deuxième round, selon des analystes.
Sur le plan stratégique, le bras de fer au sein du Congrès américain sur les dépenses budgétaires devrait se poursuivre sous une forme ou une autre. Certains analystes ont indiqué qu'il n'y a toujours pas de signes annonciateurs d'une résolution rapide.
Concernant un autre éventuel "shutdown", le chef de la minorité au Sénat américain, Mitch McConnell, a promis jeudi de ne pas permettre à l'avenir une nouvelle paralysie partielle du gouvernement causée par la lutte acharnée des républicains contre l'Obamacare.
"Je ne pense pas qu'il y aura un autre shutdown du gouvernement car le dernier était un fiasco total pour les républicains", a souligné M. West, ajoutant qu'ils n'ont rien gagné en terme de concessions politiques et que leur image en avait pris un coup.
"Il serait insensé pour les républicains de réutiliser la même stratégie", a-t-il noté.
Dan Mahaffee, analyste du Centre pour les études sur la présidence et le Congrès, a indiqué à Xinhua que si l'opinion publique américaine se déplace actuellement vers le centre plus modéré et souhaite des solutions pragmatiques qui ne soient ancrées ni chez les républicains ni chez les démocrates, le mécanisme politique des votes au Congrès fait la part belle aux doctrines partisanes des deux poids lourds du spectre politique des Etats-Unis.