Des milliers de manifestants anti-gouvernement ont pris d'assaut dimanche le quartier-général de la police à Odessa (sud de l'Ukraine) et libéré des dizaines de leurs alliés emprisonnés.
Cette nouvelle vague de violences s'est produite dans le sillage des affrontements meurtriers de vendredi opposant les séparatistes pro-Russie aux manifestants pro-gouvernement, qui ont fait au moins 43 morts et 174 blessés dans la ville.
Il s'agit de l'épisode le plus violent de la crise ukrainienne depuis que le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir il y a plus de deux mois.
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a déclaré dimanche que la Russie devrait être tenue pour responsable de ces affrontements meurtriers.
"L'objectif de la Russie était de reproduire à Odessa ce qui se passe dans l'est du pays", a déclaré aux journalistes M. Iatseniouk lors d'une visite à Odessa.
"Ce qui c'est passé à Odessa faisait partie d'un plan de la Fédération de Russie visant à détruire l'Ukraine et son statut d'État [...] la Russie a envoyé des gens ici pour semer le chaos", a-t-il lancé.
Kiev a accusé à plusieurs reprises Moscou d'avoir déclenché les troubles et cherché à diviser l'Ukraine, des accusations démenties par le Kremlin.
A Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a déclaré dimanche que Kiev avait besoin d'aide pour établir un dialogue avec les activistes pro-Russie dans le sud de l'Ukraine.
"Il semble que, sans aide extérieure, les autorités de Kiev ne soient pas capables d'établir un tel dialogue", a déclaré M. Karassine à la chaîne de télévision Rossiya-24.
Selon lui, des mesures seraient bientôt prises pour établir un dialogue, sans donner davantage de détails.
Lors d'une conversation téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel dimanche, le président russe Vladimir Poutine a réitéré la nécessité d'établir un dialogue direct entre Kiev et les régions du sud-est de l'Ukraine.
"M. Poutine et Mme Merkel ont souligné l'importance de mesures internationales efficaces et en premier lieu de celles pilotées par l'OSCE pour atténuer les tensions en Ukraine", a indiqué le service de presse du Kremlin.
Toujours dimanche, la Russie a également exhorté l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l'Europe à évaluer immédiatement la situation en Ukraine de manière objective.
"Au moment où les escadrons punitifs ukrainiens mènent leurs opérations dans l'est de l'Ukraine (...), l'Occident a imposé un véritable blocus sur les informations sur les événements tragiques qui se déroulent dans ce pays", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Nous exigeons que les institutions pertinentes de l'OSCE et du Conseil de l'Europe procèdent immédiatement à une évaluation objective de l'évolution de la situation en Ukraine", a ajouté le ministère.
Compte tenu de l'escalade de la violence en Ukraine, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a appelé à l'organisation d'une seconde conférence à Genève afin de résoudre la crise ukrainienne, a rapporté dimanche la chaîne de télévision allemande ARD.
"Je propose que la première réunion à Genève soit suivie d'une deuxième réunion, au cours de laquelle des engagements clairs seront enfin pris sur la façon dont nous pouvons mettre un terme à ce conflit et trouver progressivement une solution politique", a indiqué M. Steinmeier.
Il a déclaré avoir eu "de nombreux entretiens au cours des dernières heures" sur une nouvelle conférence internationale sur l'Ukraine avec ses homologues américain et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, ainsi qu'avec la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
"La tragédie d'Odessa doit être considérée comme une sonnette d'alarme pour nous tous", a indiqué le ministre allemand. "Nous devons maintenant déployer de nouveau tous les efforts pour revenir à l'accord de Genève."
Par ailleurs, M. Steinmeier a exprimé l'espoir que l'OSCE joue un rôle plus important dans le conflit à l'avenir.
"Il était clair pour moi que nous devons renforcer le rôle de l'OSCE et que nous pouvons leur confier d'autres tâches pour la médiation en Ukraine", a déclaré M. Steinmeier.