La secrétaire générale adjointe de l'ONU chargée des affaires humanitaires, Valerie Amos, a appelé mardi à une pression soutenue sur les parties prenantes pour garantir l'accès aux personnes vivant dans le besoin de l'aide en Syrie, dans le but de maintenir les opérations d'aide vitaux.
Prenant sa parole devant le Conseil de sécurité lors d'une réunion sur la Syrie, Mme Amos a de nouveau dressé un tableau très sombre de la situation en Syrie, où les violences continuent sur une large échelle et le nombre de réfugiés et de personnes déplacées ne cesse d'augmenter
Selon elle, sept mois après l'adoption par le Conseil de la résolution 2139 et deux mois après le passage de la 2165, deux textes qui visent à faire cesser les violences et les violations des droits de l'homme et à améliorer la fourniture d'aide aux personnes qui en ont besoin, "les violences continuent sans relâche dans toute la Syrie, y compris dans des secteurs précédemment moins affectés, et la population subit quotidiennement de nouveaux déplacements et de nouvelles privations".
" Au cours des deux dernières semaines, les forces de l'EIIL (le groupe extrémiste armé Etat islamique d'Iraq et du Levant) ont avancé dans le nord de la province d'Alep et plus de 160.000 personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui en Turquie en quelques jours", a dit Mme Amos. Ces réfugiés "étaient tellement effrayés que beaucoup d'entre eux ont traversé des champs de mines pour s'enfuir", a-t-elle souligné, ajoutant que "des dizaines de milliers d'autres personnes pourraient fuir la Syrie si les forces de l'EIIL continuent de gagner du terrain".
Mme Amos a affirmé que "les autres parties au conflit syrien ont également continué de faire preuve d'un total mépris pour le droit international humanitaire et les droits de l'homme". Le gouvernement, a-t-elle précisé, a poursuivi ses attaques aériennes, "y compris à l'aide barils remplis d'explosifs". Selon des informations reçues par ses services, des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants, ont été tués dans la province d'Alep par ces attaques.
Les groupes armés d'opposition ont eux aussi tué des civils en tirant sur des secteurs résidentiels et commerciaux de la ville d'Alep début septembre, a ajouté Mme Amos.
En conséquence de ce cycle de violences, plus de 3 millions de Syriens ont été recensés comme réfugiés dans les pays voisins mais le nombre de personnes ayant fui la Syrie est bien supérieur, a-t-elle affirmé. Le Liban, la Jordanie et la Turquie ont accueilli des millions de réfugiés, ce qui se traduit par une forte tension sur les ressources de leurs propres communautés.
Quant aux Syriens qui n'ont pas pu fuir, ils sont dans leur ensemble affectés par la destruction des infrastructures essentielles et la perte des services de base. "Des millions d'entre eux manquent de nourriture et de médicaments et près de 3 millions d'enfants ne vont pas à l'école", a dit Mme Amos.
Selon Mme Amos, 11 millions de personnes vulnérables en Syrie ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence et 6,4 millions d'entre elles sont des personnes déplacées. "Un accès continu à quelque 4,7 millions de personnes qui ont été difficiles à atteindre pendant des mois, voire des années, continue d'être un défi majeur ", a-t-elle dit.
Les travailleurs humanitaires qui essayent d'apporter une assistance cruciale aux populations courent de grands risques. David Haines, un Britannique assassiné par l'EIIL, était le 63ème travailleur humanitaire tué depuis le début de la guerre.
"Malgré les dangers, les Nations Unies et leur partenaires continuent d'assister des millions de personnes", a conclu Mme Amos qui a appelé à la poursuite des efforts, notamment financiers, de la communauté internationale.