Kiev a annoncé mardi que la Russie avait coupé l'électricité aux régions rebelles de l'Est de l'Ukraine dans ce qui semblerait être un autre signe que Moscou se désintéresse des supposés plans de démembrement de son voisin. De fait, depuis quelque temps déjà, le président russe Vladimir Poutine n'émaille plus ses discours de mentions à la « nouvelle Russie » (Novorossiya) constituée de terres ukrainiennes qui étaient autrefois sous contrôle tsariste.
Tandis que les séparatistes gagnaient du terrain le long du cœur industriel de l'Est de l'Ukraine a la fin de l'année dernière, le chef du Kremlin semblait plus ou moins soutenir ce projet. Cependant, les insurgés ukrainiens qui se disaient prêts à participer à la re-création d'une partie de l'ancien empire russe se sont plaints au cours des dernières semaines d'un manque d'intérêt soudain du Kremlin et d'une grave pénurie de fonds. Il semble désormais que ce ne soit pas seulement les fonds qui manquent, mais aussi l'électricité.
Le Ministre de l'énergie de l'Ukraine, Volodymyr Demchyshyne, a ainsi déclaré mardi que la Russie, un pays riche en énergie, avait récemment également cessé la fourniture d'électricité aux régions de Lougansk et de Donetsk tenues par les rebelles parce que les factures ne sont pas payées. « Nous avons eu des négociations assez productives avec les Russes », a dit Interfax-Ukraine, citant les propos de M. Demchyshyne lors d'une réunion du Ministère de l'énergie. « Nous avons été en mesure de fermer quatre lignes reliant la Russie aux territoires hors de notre contrôle ». Selon le Ministre de l'énergie, ces lignes fournissaient une valeur de 14 millions d'euros d'électricité par mois.
Il n'y a pas eu de réponse immédiate à ses commentaires, ni de Moscou ni des rebelles eux-mêmes. La révolte contre la nouvelle position pro-occidentale de Kiev qui dure depuis 15 mois a vu les rebelles se tailler une région de la taille du Pays de Galles qui abrite 3,5 millions de personnes et partage une frontière de 500 km avec la Russie. Mais aujourd'hui, une grande partie de cette région ne semble plus être que l'ombre de ce qu'elle fut, quand elle était le moteur économique du deuxième plus grand État de l'ex-Union soviétique. La plupart des mines de charbon et des aciéries ont été soit fermées soit ne peuvent plus fonctionner en raison de pénuries chroniques d'électricité.