Dernière mise à jour à 11h03 le 11/12
Des Français ont lancé une nouvelle série de manifestations à Paris et dans certaines villes de province le 8 décembre pour protester contre l'ajustement à la hausse de la taxe sur les carburants par le gouvernement français, qui a entraîné une hausse des prix de l'essence à la pompe. Le même jour, à Paris, les magasins des Champs-Élysées ont fermé leurs portes et les véhicules motorisés ont été interdits dans des lieux tels que la place Charles de Gaulle et la place de la Concorde, tandis que les principales attractions parisiennes majeures, comme la Tour Eiffel et le Louvre, ont été fermées.
Les analystes ont souligné que ces manifestations continues non seulement nuisent à l'économie française et à l'image internationale du pays, mais risquent également de mettre à mal les réformes voulues par le Président français Emmanuel Macron depuis son entrée en fonction.
Une population mécontente
Le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner, a déclaré lors d'une conférence de presse dans la soirée du 8 décembre, que le ministère français de l'Intérieur et la police avaient tiré les leçons des manifestations précédentes, qu'une réponse décisive avait été apportée aux éléments violents et que la situation était sous contrôle.
Le gouvernement français prévoyait d'augmenter la taxe sur les carburants à partir du 1er janvier de l'année prochaine, provoquant un fort mécontentement du public. Depuis le 17 novembre, certaines personnes ont organisé des manifestations à Paris et dans d'autres villes provinces pendant quatre semaines consécutives. En effet, les prix du diesel et de l'essence en France ont augmenté à des degrés divers depuis 2018, provoquant un mécontentement des citoyens.
En réponse, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé le 4 décembre que le gouvernement français allait reporter la taxe sur les carburants de six mois. Le 5 février, le ministre français de l'Environnement, François de Rugy, a déclaré aux médias qu'il avait téléphoné à M. Macron, qui lui a confirmé que le gouvernement avait en fait décidé d'annuler le plan visant à augmenter la taxe sur les carburants l'année prochaine.
Mais cette concession du gouvernement français n'a pas pour autant apaisé le mécontentement du public. Les derniers sondages ont en effet montré que le taux de soutien de l'opinion publique envers Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont tombés à 18% et 21% respectivement, le plus bas niveau depuis leur arrivée au pouvoir. Les forces politiques d'extrême-droite et d'extrême-gauche françaises ont également profité de l'occasion pour attaquer le gouvernement Macron, certains partis politiques ayant décidé de soumettre conjointement une motion de censure contre le gouvernement à l'Assemblée nationale française le 10 décembre afin de demander sa destitution.
De leur côté, les analystes ont souligné qu'Emmanuel Macron exerçait actuellement un fort contrôle sur le gouvernement, que la majorité du parti la République en Marche à l'Assemblée nationale française était toujours stable et que la probabilité que le projet de motion de censure du gouvernement soit voté était faible.
Des dommages économiques
Lors d'une conférence de presse, le ministre français de l'Economie et des Finances, M. Bruno Lemaire, a déclaré que l'économie française était affectée par des événements « graves et soutenus » depuis le début des manifestations contre la hausse de la taxe sur les carburants par le gouvernement. Les ventes en gros dans les zones touchées par les protestations ont baissé de 15% à 25%, les ventes au détail ont chuté de 20% à 40%, le chiffre d'affaires de la restauration a diminué de 20% à 50% et le nombre de réservations dans le secteur hôtelier a diminué de 15% à 20%.
L'Association nationale française de l'industrie alimentaire a publié un communiqué dans lequel elle affirme que les récentes manifestations ont causé de lourdes pertes à l'industrie agroalimentaire française, qui devrait perdre jusqu'à 13,5 milliards d'euros, et que les PME en sont les principales victimes. L'Association française des industries du transport et de la logistique des marchandises a quant à elle déclaré que les manifestations et les émeutes avaient causé au moins 400 millions d'euros de pertes à l'industrie.
Selon le président de la Fédération française des entreprises touristiques, qui s'est exprimé dans une interview accordée aux médias locaux, les émeutes violentes ont gravement porté atteinte à l'image de Paris et de la France. Le gouvernement français et les industries connexes avaient tenté de remodeler leur image après plusieurs attaques terroristes en France en 2015, mais les récentes perturbations ont mis ces efforts à mal.
Des réformes désormais bloquées
S'agissant des causes internes de la manifestation, Zhao Chen, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales en Europe, estime que l'augmentation de la taxe sur les carburants n'est qu'un élément déclencheur : le nœud du problème est que l'économie française continue de s'affaisser, tandis que le pouvoir d'achat des groupes à revenu faible et intermédiaire a diminué et que le coût de la vie ne cesse d'augmenter.
Depuis un an ou plus, Emmanuel Macron avait mis en avant une série de réformes visant à réduire le niveau des avantages sociaux de la population dans son ensemble, tout en abolissant l'impôt sur la fortune et l'impôt sur les avoirs, encourageant dans le même temps les Français à passer de la « division du gâteau » à la « fabrication du gâteau ». Bien que ces mesures de réforme soient bénéfiques à long terme, elles touchent inévitablement les intérêts de certains secteurs à court terme, ce qui a entraîné un mécontentement croissant de la population.
L'analyse des médias locaux a révélé que l'absence de sentiment de gain dans le processus de réforme était l'une des principales raisons pour lesquelles les manifestations ont balayé la France. Selon certaines informations, le niveau des salaires en France n'a guère augmenté ces cinq dernières années et le fardeau fiscal des groupes à revenus faibles et moyens est toujours resté très lourd, ce qui fait que ces personnes ressentent qu'elles ne sont pas bénéficiaires des réformes. Dans un discours public, Edouard Philippe a également admis que la France est actuellement l'un des pays avec les niveaux d'imposition les plus élevés d'Europe et que le système fiscal français est « compliqué et terrible ».
Les analystes ont souligné que cette série de protestations risque d'entraver la détermination d'Emmanuel Macron dans sa volonté de progresser dans la voie des réformes, menacées de « décrochage ». Cette fois, la pression qui pèse sur le Président français pour qu'il ralentisse le rythme des réformes aura un effet de démonstration négatif. En outre, des émeutes violentes ont sérieusement entravé le prestige de son gouvernement et il sera encore plus difficile d'unir les gens pour faire avancer les réformes à l'avenir.
D'autre part, après l'annulation par Emmanuel Macron du plan de hausse de la taxe sur les carburants l'année prochaine, la baisse des recettes fiscales deviendra un problème majeur pour le gouvernement français. Si ce problème n'est pas correctement résolu, cela entraînera une augmentation du déficit budgétaire de la France l'année prochaine, ce qui affectera le prestige du chef de l'Etat français dans l'UE et entravera son ambition de « refaçonner » l'Union.