Dernière mise à jour à 08h23 le 12/12
Au lendemain de l'allocution télévisée du président français Emmanuel Macron suivie par 23 millions de Français, le Premier ministre Edouard Philippe a défendu, mardi, devant les députés, les mesures annoncées par le chef d'Etat destinées à apaiser la colère des "gilets jaunes" qui manifestent depuis le 17 novembre dans l'Hexagone.
"Le président de la République a entendu la colère qui s'exprime et a apporté les réponses qui s'imposaient", a déclaré le chef du gouvernement français à l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement.
Les annonces de M. Macron la veille, chiffrées à environ 10 milliards d'euros, sont des mesures "massives" financées par l'Etat pour que "le travail paie", a fait remarquer M. Philippe.
Lundi soir, dans une allocution radio-télévisée très attendue, le président Macron a cherché à apaiser la colère des "gilets jaunes" qui manifestent depuis trois semaines a travers le pays.
Il a notamment annoncé que le salaire des travailleurs au SMIC augmenterait de "cent euros par mois sans qu'il en coûte un euro de plus pour l'employeur".
"Les 100 euros de plus (net) pour le SMIC correspondent à une prime d'activité de 80 euros et une baisse des charges de 20 euros", a expliqué l'Élysée. Cette décision revient à accélérer la mise en œuvre de la promesse présidentielle de faire grimper à 80 euros la prime d'activité.
"Quand a-t-on augmenté le SMIC d'un niveau de 100 euros ? Avez-vous un exemple récent ? Nous voulons aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort et beaucoup plus vite", a plaidé Edouard Philippe. "Notre objectif n'est pas d'en rester à ceux qui bénéficient aujourd'hui de la prime d'activité (...), c'est d'essayer de faire en sorte que par une meilleure organisation des choses, par une meilleure mobilisation de l'argent public, l'ensemble de ceux qui sont rémunérés au SMIC, puissent bénéficier de cette augmentation", a-t-il dit.
Alors que la Commission européenne a d'ores et déjà fait savoir qu'elle surveillerait l'impact des mesures annoncées sur le déficit de la France, le Premier ministre a déclaré : "Nous sommes en train de préparer un choc fiscal sur le travail, l'accélération de la réduction d'impôts et des taxes, de façon à ce que le travail paye. Cela implique forcément des conséquences en termes de déficit. (...) Ce à quoi nous serons extrêmement attentifs, c'est l'évolution de la dépense publique (...). Il n'y aura pas d'accélération ou d'augmentation de la dépense publique".
M. Philippe a aussi rappelé l'exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois, qui concernera désormais selon lui 70% des retraités, les heures supplémentaires défiscalisées et l'appel aux entreprises à verser une prime de fin d'année sans impôt ni charges.
Le Premier ministre a par ailleurs fustigé les menaces et dégradations visant des élus, notamment des parlementaires de la majorité, en marge du mouvement des "gilets jaunes". "C'est gravissime", a-t-il lancé.
Concernant le grand débat national qui doit avoir lieu dans les prochaines semaines autour de l'écologie, la réforme des services publics, celle des institutions, et la fiscalité, le Premier ministre a plaidé pour qu'il "soit le plus ouvert possible, afin que nous puissions aller le plus loin possible".
"Voulons-nous une fiscalité plus progressive, plus compétitive ou non ? Reconnaissons qu'au moment des grandes consultations, je pense aux élections présidentielle ou législatives, on aborde ces sujets, mais pas complètement. Notre objectif est donc de faire participer chaque Français, qu'il puisse dire ce qu'il a sur le cœur, mais aussi les maires et les corps intermédiaires comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE)", a dit le Premier ministre.
A cette occasion, plusieurs députés de l'opposition l'ont critiqué frontalement au sujet du non-rétablissement de l'Impôt sur la fortune (ISF).
Beaucoup de "gilets jaunes" reprochent à Emmanuel Macron de ne pas avoir mis à contribution les plus riches ou les grandes entreprises.
Le chef de l'Etat a reçu mardi les dirigeants des grandes banques, avant les grandes entreprises mercredi, pour leur demander de "participer à l'effort collectif".
Selon les premiers sondages, le soutien des Français au mouvement des "gilets jaunes" a reculé mais reste important, autour de 50% des sondés.
Malgré les annonces du président Macron, des "gilets jaunes" poursuivaient mardi leurs opérations de blocages et manifestations sur des ronds-points et axes routiers.