Dernière mise à jour à 14h00 le 01/04
Alors que la France est entrée dans son quinzième jour de confinement, le président français Emmanuel Macron s'est rendu mardi dans une usine de fabrication de masques près d'Angers (Maine-et-Loire). Tandis que la polémique autour de la pénurie de matériel de protection contre l'épidémie de coronavirus COVID-19 ne faiblit pas et que la barre des 3.000 morts a été franchie dans le pays, il a annoncé "une contribution de quatre milliards d'euros" pour "des masques, des respirateurs et des médicaments".
Assurer "l'indépendance pleine et entière" de la France "d'ici la fin de l'année" en matière de production de masques de protection : tel est l'objectif annoncé par le chef de l'Etat, mardi, à l'issue de sa visite à l'usine de masques de la PME Kolmi-Hopen, près d'Angers (Maine-et-Loire). Cette usine située à Saint-Barthélémy-d'Anjou, qui fabrique des masques FFP2 et chirurgicaux, est l'un des plus importants des quatre producteurs français.
"Au niveau national, on a produit trois millions de masques par semaine en mars, on en produira 15 millions par semaine fin avril", a affirmé le président Macron. "Nous allons par la suite continuer à produire plus de masques, également pour toutes les professions qui sont aujourd'hui exposées, qui ont une angoisse et attendent des masques. Il est aujourd'hui impossible de leur promettre des masques FFP2, car il faut les réserver aux soignants. Mais nous avons d'autres catégories de masques à leur proposer. D'ici 3 à 4 semaines nous aurons la capacité de produire un million de masques par jour sur ces différentes catégories", a dit Emmanuel Macron.
Alors que la barre des 3.000 morts est franchie dans le pays, la polémique ne cesse d'enfler (notamment sur les réseaux sociaux) autour de la pénurie de matériel de protection contre le coronavirus COVID-19 dénoncée dès les premiers jours de l'épidémie par les professionnels soignants. "L'impréparation" des pouvoirs publics concernant notamment les stocks de masques cristallise les critiques envers l'Exécutif. La crise sanitaire fait aussi resurgir des discours aux accents souverainistes, mettant en cause la mondialisation et ses conséquences sur la production française de matériel pour lutter contre l'épidémie.
Au-delà de la controverse sur le port du masque (les autorités françaises ne recommandent le port du masque qu'aux personnes malades), la pénurie de masques - symboles de protection par définition - renvoie dans l'imaginaire d'une partie des Français qui en sont privés l'image d'un pouvoir incapable de protéger sa population comme ses soignants.
Jusqu'en 2010, la France possédait un stock d'État d'un milliard de masques chirurgicaux et 600 millions de masques FFP2. Après l'épidémie de grippe H1N1, cette politique a été remise en cause. Les dirigeants ont estimé que la production mondiale était suffisante pour parer aux besoins en cas de crise.
Fin 2018, la fermeture de la principale usine de fabrication de masques du pays, dans les Côtes-d'Armor, avait fait débat.
"Le monde entier est à la recherche de masques. Il est parfois difficile de s'assurer que les commandes sont honorées", a déclaré samedi le Premier ministre Édouard Philippe, lors d'une très longue conférence de presse.
Selon les estimations, le personnel soignant du pays a besoin de 40 millions de masques par semaine. La mise en place d'un pont aérien entre la Chine et la France, qui doit durer pendant trois mois, doit permettre d'assurer l'approvisionnement du personnel soignant. Il prévoit quatre rotations par semaine depuis Shenzhen et Shanghai.
Une dizaine de millions de masques chinois sont arrivés en France lundi. La cargaison contenait "environ 7 millions de masques" commandés par l'État, ainsi que "d'autres issus de dons faits à la France par des entreprises chinoises", a indiqué le préfet de la Marne, Pierre N'Gahane.
La prochaine livraison est attendue mercredi. Au total, près d'un milliard de masques chinois doivent être livrés en France.
Concernant les respirateurs, "autre sujet critique", le président français a annoncé mardi la création d'un consortium industriel français autour d'Air Liquide, Valeo, PSA et Schneider electric dont l'objectif sera de "créer d'ici mi-mai 10.000 respirateurs lourds comme légers". Pour cela, le gouvernement apportera "une contribution de quatre milliards d'euros à Santé publique France pour passer ces commandes de masques, de respirateurs et de médicaments", a-t-il indiqué.
"Tout le monde a appris car cette pandémie est inédite. L'humilité est de mise. Ne revoyons pas les connaissances passées à l'aune de celles d'aujourd'hui, tout change. J'appelle les Français à l'unité. Ensuite viendra le temps des responsabilités et on regardera ce qu'on aurait dû faire, ce qu'on aurait pu mieux faire", a déclaré Emmanuel Macron. Pas sûr que cela suffise à faire taire la polémique.