Dernière mise à jour à 08h56 le 24/05
Le président américain Joe Biden a lancé lundi le Cadre économique indo-pacifique (IPEF), auquel plusieurs pays se sont joints dont le Japon, alors que cette nouvelle initiative économique suscite des inquiétudes en Asie-Pacifique.
"Afin de préparer nos économies à l'avenir, nous lançons le processus de création du Cadre économique indo-pacifique pour la prospérité", ont indiqué dans un communiqué les pays membres de ce cadre, à savoir les Etats-Unis, l'Australie, Brunei, l'Inde, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, la Corée du Sud, la Thaïlande et le Vietnam.
L'IPEF dirigé par les Etats-Unis, qui s'inscrirait dans le cadre de leur "Stratégie indo-pacifique", porterait essentiellement sur "quatre piliers", à savoir le commerce, les chaînes d'approvisionnement, l'énergie propre et les infrastructures, ainsi que la fiscalité et la lutte contre la corruption.
La vision de M. Biden pour l'IPEF, si elle se concrétise, sera confrontée à de violents vents contraires, un certain nombre d'engagements au sein de ce cadre n'étant pas contraignants.
Des sources proches de ce dossier ont confié que certains pays asiatiques et experts du commerce ont donné jusqu'à présent une réponse circonspecte au programme, alors que l'administration Biden a clairement fait savoir que l'IPEF ne serait pas un accord de libre-échange traditionnel impliquant des engagements sur la réduction des tarifs douaniers.
En outre, cette initiative inquiète aussi car M. Biden ne souhaite pas mettre en péril des emplois américains en accordant à la région la meilleure accessibilité au marché dont elle a besoin.
La population japonaise est également en désaccord avec l'IPEF de M. Biden et le prochain Dialogue quadrilatéral sur la sécurité (Quad), qui doit se tenir mardi à Tokyo entre les dirigeants du Japon, des Etats-Unis, d'Australie et d'Inde.
L'objectif du Quad serait soi-disant d'inclure la sécurité maritime, les questions relatives à la COVID-19, la lutte contre le changement climatique, l'innovation technologique et les investissements, cependant les quatre membres du dialogue ont exprimé des opinions similaires mais infondées sur "l'affirmation croissante" de la Chine dans la région Asie-Pacifique.
Le conseiller d'Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a critiqué les Etats-Unis pour avoir créé la Stratégie indo-pacifique dans le but de former de petites cliques au nom de la liberté et de l'ouverture, soulignant que leur fin était de contenir la Chine.
Ce cadre tente d'effacer le nom "Asie-Pacifique" et son architecture efficace de coopération régionale, a affirmé dimanche M. Wang devant la presse aux côtés du ministre pakistanais des Affaires étrangères Bilawal Bhutto Zardari, en visite en Chine, après leur entretien.
"Les faits prouveront que la soi-disant stratégie indo-pacifique est, par essence, une stratégie de créer la division, de susciter la confrontation et de saper la paix. Peu importe comment elle est emballée ou déguisée, elle échouera inévitablement en fin de compte", a-t-il soutenu.
Dimanche, des manifestants ont défilé dans les rues du centre de Tokyo pour s'opposer à la Stratégie indo-pacifique, y compris au Quad. Selon eux, elle incarne un mouvement en direction de la division et non de l'harmonie, et la politique de la corde raide mène à la confrontation et non pas à la solidarité au profit de la région.
