Dernière mise à jour à 08h49 le 07/06
La crise humanitaire en Ukraine est en train de donner naissance à une crise d'une autre nature, avec une hausse marquée du trafic d'êtres humains, a averti lundi Pramila Patten, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU sur les violences sexuelles dans les conflits.
Depuis le début du conflit, on a été témoin d'une recrudescence alarmante des risques de traite d'être humains, y compris à des fins d'exploitation sexuelle et de prostitution, a déclaré Mme Patten.
Le manque de vérification détaillée des offres d'hébergement et de transport constitue une grave préoccupation, de même que la capacité limitée des services de protection à faire face à la vitesse et au volume des déplacements de personnes, a-t-elle indiqué lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur les violences sexuelles liées aux conflits et sur le trafic d'êtres humains dans le cadre du conflit en Ukraine.
Il existe également des inquiétudes quant au nombre et à la multiplicité des bénévoles, qui font l'objet d'un contrôle limité et possèdent peu ou pas de formation ou d'expérience, a-t-elle ajouté.
Lors de sa visite dans un supermarché Tesco converti en centre d'accueil pour réfugiés ukrainiens à Przemysl, en Pologne, elle a identifié "de graves problèmes de sécurité et de protection" dans un établissement géré par des bénévoles, avec seulement une "présence minimale" des agences de l'ONU sur place.
Le personnel humanitaire lui a notamment relaté des anecdotes crédibles sur des tentatives de traite d'êtres humains, a indiqué Mme Patten.
Les contrôle de sécurité étant minimaux, un homme a pu s'inscrire comme bénévole au centre Tesco dans l'après-midi, et a pénétré dans la "salle française" où les réfugiés attendaient d'être transportés vers la France. Il y a pris contact avec une femme de 19 ans, qu'il a ensuite réveillée dans son dortoir à 02H00 du matin pour lui proposer de l'emmener en France, a-t-elle déclaré.
Un autre homme, vêtu d'un gilet jaune de volontaire et tenant une pancarte dans le hall de la gare de Przemysl, proposait un transport gratuit depuis la Pologne vers l'Allemagne. D'autres volontaires, méfiants, ont informé les forces de l'ordre locales après avoir remarqué que l'homme ne sélectionnait que des jeunes femmes pour les faire monter dans sa camionnette, a-t-elle affirmé.
Mme Patten a appelé à des efforts cohérents et coordonnés au sein des institutions européennes pour renforcer la réponse globale à la crise.
"C'est de la plus haute importance, car je pense que cette crise humanitaire est en train de déboucher sur crise du trafic d'êtres humains. Cela nécessite une réponse transfrontalière concertée, intégrée et holistique de la part des partenaires humanitaires, des forces de l'ordre, des services frontaliers, des responsables de l'immigration et des dirigeants politiques. Un pacte régional est nécessaire de toute urgence", a-t-elle affirmé.
Pour relever ce défi, il est crucial de veiller à ce que le niveau d'attention politique et l'allocation des ressources à une réponse globale soient proportionnés à l'ampleur et à la complexité du problème, a-t-elle déclaré.