Dernière mise à jour à 08h52 le 14/06
Les cas de piqûres sauvages dans les boîtes de nuit, les concerts et les festivals de musique en France, constatés depuis l'automne dernier, ont fait près de 500 victimes au total, selon un reportage du début juin de la chaîne de télévision TF1.
Justin Astruc, 24 ans, étudiant à Rennes, dans l'ouest de la France, a été piqué lors d'un concert d'un rappeur français le soir du samedi 21 mai à Rennes. "Au concert, tout se passait bien. Deux jours après, lorsque j'étais sous la douche, j'ai réalisé que j'avais une marque étrange sur ma cuisse. J'avais vu des photos sur les réseaux sociaux et j'ai tout de suite compris qu'il y avait un problème. Alors je l'ai comparée avec des photos et elles correspondaient", a-t-il raconté à Xinhua.
Certaines victimes racontent sur les réseaux sociaux leur expérience d'avoir été piqué à différentes parties du corps. En France, des cas de personnes droguées par le biais de boissons dans des boîtes de nuit et des bars ont gagné en visibilité sur les réseaux sociaux avec le hashtag "balance ton bar".
"Le phénomène des piqûres sauvages a commencé au Royaume-Uni en septembre 2021 avant d'être observé en France", selon le docteur Leila Chaouachi, pharmacienne au Centre d'addictovigilance de Paris.
Au Royaume-Uni, de fin 2021 à début 2022, les médias locaux ont indiqué que la police avait enregistré 1.300 occurrences de piqûres sauvages. Celles-ci ont principalement lieu dans des environnements festifs et bondés, ce qui rend très difficile d'identifier les auteurs.
En France, "on sait peu de choses sur ces piqûres, quels types d'aiguilles sont utilisées, si elles sont suivies ou non d'injections de substances, et si oui, quelles substances sont utilisées", a précisé le docteur Chaouachi à Xinhua.
Le motif des piqûres continue de soulever des questions, puisque dans la grande majorité des cas, aucune agression suite à ces piqûres n'a été rapportée. "De très rares cas de harcèlement ont été rapportés, de vol et/ou d'agression sexuelle sans être capable d'établir un lien direct avec la piqûre sauvage", a poursuivi le docteur Chaouachi, "les autorités judiciaires sont pleinement mobilisées et font tout leur possible pour mettre en lumière ces affaires".
Pour le docteur William Lowenstein, président de SOS Addiction, les cas de piqûres sauvages signalés en France restent un "mystère". "L'idée d'une forme injectable de la drogue de gamma-hydroxybutyrate (GHB) ou peut-être d'autres substances nous intéresse car il existe peu d'études sur ce sujet", a précisé à Xinhua ce spécialiste de la prise en charge, de la prévention, du diagnostic et du traitement des maladies internes et du diagnostic, de l'étude et du traitement de la dépendance psychologique.
Dans les boîtes de nuit, les festivals de musique et les concerts, selon le docteur Lowenstein, il existe des tentatives de soumission chimique notamment avec le GHB, mélangé et dissimulé dans les boissons consommées.
Le GHB est absorbé rapidement dans le corps, "moins de neuf heures dans le sang et moins de 12 heures dans l'urine", selon le docteur Chaouachi. En déposant rapidement une plainte auprès des autorités compétentes, cela permet à la victime de bénéficier d'un test rapide de prélèvement de sang et d'urine, a-t-elle souligné.
Selon Marine Durillon, avocate au barreau de Lyon, dans le sud-est de la France, une piqûre sauvage est une forme de violence volontaire avec ou sans administration de substances nuisibles envers la victime qui n'a pas conscience de l'acte. L'auteur peut encourir une peine minimale de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende si aucune substance nuisible n'a été injectée. Si des substances nuisibles ont été injectées, la peine de prison peut aller à sept ans et l'amende augmente à 75.000 euros.