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France : une 10e journée de mobilisation massive contre la réforme des retraites

Xinhua | 29.03.2023 08h11

Dans le cadre de la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce mardi, 740.000 manifestants ont répondu à l'appel de l'intersyndicale à descendre dans la rue à travers la France, dont 93.000 à Paris, d'après le ministère français de l'Intérieur. Il s'agit d'un chiffre en recul en comparaison de la mobilisation record de la précédente journée d'action jeudi dernier, qui avait mobilisé près de 1,09 million de personnes en France, dont 119.000 à Paris, toujours selon les chiffres officiels.

DE NOMBREUX BLOCAGES A TRAVERS LE PAYS

Au total, 240 actions avaient été annoncées pour cette nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Le trafic des trains était "fortement perturbé" mardi, selon les termes employés par la SNCF, et il fallait prévoir environ trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne. Pour ce qui concerne les transports en Ile-de-France, la RATP annonçait un trafic "perturbé" dans le métro parisien et "très perturbé" pour les RER.

Alors que les Français pourraient privilégier la voiture pour effectuer leurs déplacements, faute de transports en commun, 15% des 11.000 stations-services françaises sont en situation de pénurie d'au moins un carburant en raison des grèves dans les raffineries.

(Xinhua/Aurelien Morissard)

Dans certains secteurs, la grève se durcit avec des revendications qui vont au-delà du sujet de la retraite. A Paris, la Tour Eiffel, le Château de Versailles ou encore l'Arc de Triomphe étaient fermés en raison de la grève de leurs employés. Le Musée du Louvre, musée le plus fréquenté au monde, était resté fermé la veille, alors que des salariés bloquaient les entrées. Les éboueurs, qui étaient en grève depuis le 6 mars, ont quant à eux annoncé suspendre leur mouvement à partir de mercredi.

Des tensions se sont produites à Paris en milieu d'après-midi. Des tirs de mortiers, des jets d'objets de toutes sortes et des feux de poubelles par des casseurs sont intervenus en fin de cortège, alors que la manifestation atteignait son point d'arrivée, la Place de la Nation, obligeant les forces de l'ordre à charger. Des scènes similaires ont également été observées dans différentes villes où se tenaient des manifestations. Des échauffourées ont été maîtrisées rapidement et sans gravité dans l'ensemble.

L'INTERSYNDICALE PROPOSE UNE MEDIATION

Dans la matinée de mardi, l'intersyndicale a demandé une "pause" dans le processus de la réforme et la mise en place d'une médiation pour favoriser le retour au dialogue avec le gouvernement. "Compte tenu de la mobilisation qui ne faiblit pas, comme on l'a décidé en intersyndicale, on a proposé une nouvelle fois au gouvernement et surtout au président de la République de suspendre son projet et de nommer une médiation", a indiqué le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, avant de participer à une manifestation à Clermont-Ferrand.

La proposition des syndicats a été balayée par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui participait à une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres mardi matin, estimant qu'il n'y avait pas besoin d'avoir une médiation pour se parler. De son côté, le groupe Mouvement démocrate (MoDem) à l'Assemblée nationale, membre du camp présidentiel, a exprimé un avis favorable à la proposition consistant à rouvrir le dialogue.

POSSIBLE CENSURE DU CONSEIL CONSTITUTIONEL

L'exécutif espère une mise en œuvre de la réforme des retraites d'ici la fin de l'année. Toutefois, outre la colère de la rue, il lui faut encore faire face à une possible censure du Conseil constitutionnel, saisi par les opposants à la réforme. En effet, si le projet de loi a été définitivement adopté lundi 20 mars après le rejet des deux motions de censure déposées par des députés contre le gouvernement, la loi n'a pas encore été promulguée.

Le texte se trouve donc désormais entre les mains des Sages, qui doivent déterminer si le contenu du projet de loi et la façon dont il a été débattu sont conformes à la Constitution. Trois recours ont été déposés auprès de l'institution, provenant des députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), du Rassemblement national (RN) et des sénateurs de gauche, espérant une censure totale de la loi. Les Sages ont un mois pour se prononcer après la saisine, ce qui leur laisse jusqu'au 21 avril pour faire entendre leur décision.

La mobilisation ne semble pas près de s'arrêter, avec un sursaut de violence depuis le recours à l'article 49.3 de la Constitution française permettant au gouvernement de passer le projet de loi sur la réforme sans vote des députés.

Des observateurs doutent à présent de la capacité du gouvernementà faire passer sa réforme et à sortir de l'impasse. Une nouvelle journée d'action a déjà été appelée pour la semaine prochaine.

(Rédacteurs :孙鸿宇, Yishuang Liu)
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