Dernière mise à jour à 08h18 le 28/03
Que construiriez-vous, si vous deviez faire un monstre de proportions mythiques ? Un diable égal à un fléau biblique? Un traître destiné à être brûlé en effigie et dont la mort par le feu purifierait nos âmes corrompues ? Au Mexique, pour les Pâques de cette année, ce monstre a été ni plus ni moins que Donald Trump. Pas le vrai bien sûr, mais une version haute de plus de 3 mètres en papier mâché le représentant les yeux écarquillés, bouche bée, vêtu de son costume de businessman et la crinière dorée.
Samedi soir, comme chaque année à la veille de Pâques, les Mexicains se sont rassemblés dans tous les coins de rue et les places de l'église pour célébrer la semaine sainte et mettre le feu à leurs Judas, un rituel populaire dans ce pays très catholique. Ces démons sont des monstres et des dragons à qui on met le feu, mais les hommes politiques servent aussi souvent d'exutoires aux fidèles. « Pour les Latinos ici et aux États-Unis, c'est un danger, une menace réelle », a ainsi déclaré Leonardo Linares, un artiste de 52 ans qui a construit une effigie de Trump la semaine dernière dans son atelier de Mexico. « C'est un homme bon à brûler, comme Judas ».
Les Mexicains prennent un plaisir particulier à se défouler sur Donald Trump, le candidat républicain qui a menacé d'expulser des millions de Mexicains et prétend qu'il va construire un mur géant à travers la frontière Sud des États-Unis et faire payer la note au Mexique. Depuis qu'il a lancé sa campagne l'été dernier en les qualifiant de « violeurs » et de « criminels », les Mexicains ont riposté avec toute une variété de satires, et son nom est fréquemment cité dans des blagues et des chansons folkloriques. Mais il a également fait l'objet de critiques plus sérieuses de la part d'anciens présidents mexicains et hauts responsables actuels du gouvernement, qui ont mis en garde contre la rhétorique xénophobe de Trump, disant qu'elle risque de porter atteinte aux relations entre les deux pays.
« Les Latinos ont apporté beaucoup de contributions aux États-Unis », a déclaré Leonardo Linares. « Trump est un bouffon. Avec lui, en tant que président, les États-Unis perdront beaucoup de crédibilité dans le monde ». Autant dire que les Mexicains n'ont pas fait de cadeau à son effigie... quand est venu son tour, le point culminant de la fête, Trump a commencé à brûler lentement, monstrueusement, une jambe explosant, puis l'autre, tandis que la foule scandait « A mort ! A mort ! ». Quand sa tête blonde a explosé il y a eu des applaudissements intempestifs. L'oeuvre de Leonardo Linares avait disparu, mais peu lui importait. « Nous sommes satisfaits », a-t-il dit. « Les gens ont aimé ».