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Une application d'échange de visage accusée de collecte de données excessive

le Quotidien du Peuple en ligne | 02.09.2019 15h36

Une application mobile qui permet aux utilisateurs d'apparaître comme des célébrités dans des films ou des séries télévisées à succès s'est vue largement accusée de collecter de manière excessive des informations personnelles, suscitant les inquiétudes du public en matière de vie privée et de droit à l'image.

L'application, ZAO, ou « faire » en mandarin, permet à ses utilisateurs de télécharger des photos de leurs visages et de les échanger avec les visages de célébrités dans des superproductions ou des séries télévisées en utilisant l'intelligence artificielle. Elle a naturellement attiré un grand nombre d'internautes peu de temps après ses débuts le 30 août soir, mais beaucoup ont commencé à s'inquiéter, craignant que leurs informations personnelles puissent être divulguées et utilisées par des criminels, notamment à l'heure où le paiement par reconnaissance faciale prend de l'ampleur en Chine.

Le 1er septembre, la plate-forme a affiché sur son compte Sina Weibo le message suivant : « Nous comprenons parfaitement vos préoccupations concernant la protection de la vie privée. Nous avons reçu les questions que vous avez soulevées et nous corrigerons les points qui n'ont pas été bien pensés. Cela prendra du temps ».

Parallèlement, le lien de partage de l'application sur WeChat, une application de réseau social chinoise particulièrement populaire, a été fermée, et sa page Internet a indiqué que « La page présente des risques pour la sécurité et a reçu de nombreuses plaintes. Pour maintenir un bon environnement Internet, l'accès a été interrompu ». L'application a également modifié son contrat d'utilisateur dès le 31 août, en ajoutant une notification spéciale indiquant que le contenu ne sera pas utilisé à d'autres fins et peut être supprimé du serveur.

Le contrat initial, qui a suscité une vive controverse en ligne, indiquait « Avant de mettre en ligne ou de publier du contenu, vous acceptez d'accorder à ZAO, à ses sociétés affiliées et aux utilisateurs de ZAO du monde entier le droit d'utiliser de manière irrévocable votre photo d'origine, vos photos et vidéos synthétisées, gratuitement et à titre onéreux … Et d'apporter des modifications aux portraits des détenteurs d'origine ».

ZAO est devenue une sensation du jour au lendemain. Depuis le 30 août, les utilisateurs de réseaux sociaux ont publié des vidéos sur différentes plates-formes numériques, et elles ont été tellement nombreuses que le serveur a été presque paralysé, a annoncé l'application le même soir sur Weibo, ajoutant qu'elle serait probablement obligée d'imposer des restrictions de trafic plus strictes le lendemain.

L'application permet à ses utilisateurs de choisir parmi un ensemble de séquences vidéo et de remplacer le visage d'une star par le leur en téléchargeant leurs propres photos haute définition comportant une prise de vue de face. Ensuite, ils doivent vérifier leur visage en suivant une série d'instructions qui les obligent, par exemple, à ouvrir la bouche ou à lever la tête pour s'assurer que le visage leur appartient vraiment.

L'application peut automatiquement analyser et interdire les photos de personnalités publiques, et les utilisateurs ne peuvent pas partager des vidéos terminées sans vérification des visages.

Cependant, de nombreux utilisateurs ont souligné que l'accord utilisateur semblait déraisonnable. « Les clauses exigent que les utilisateurs autorisent complètement le droit à l'image sur la plate-forme ... Vous ne pouvez pas contrôler ce qu'ils vont faire de votre portrait », a ainsi déclaré Tone2, un utilisateur de Weibo. De plus, du fait que les utilisateurs doivent se connecter avec un numéro de téléphone personnel, certains craignent qu'une fois le numéro de téléphone et les images du visage divulgués, « les criminels puissent parler directement à votre famille en utilisant une synthèse technique », a déclaré un utilisateur anonyme de Weibo.

« Les clauses n'ont aucun effet juridique », a de son côté déclaré Zhu Wei, professeur associé à l'Université de sciences politiques et de droit de Chine, ajoutant qu'il était illégal pour la société de créer un tel contrat d'utilisateur alors qu'elle connaissait clairement les risques de voir certaines personnes profiter de ces informations pour faire de « mauvaises choses ».

« La violation du droit à votre image n'est qu'un aspect », a-t-il indiqué. « Les gens utilisent un client mobile qui contient des informations sur leur identité personnelle, leurs propriétés, leurs codes de numérisation et leurs paiements mobiles, et ils ne peuvent pas voir exactement quelles informations sont obtenues par l'application. C'est pourquoi c'est très dangereux ».

Wang Sixin, professeur de droit Internet à l'Université de communication de Chine, a quant à lui rappelé que la loi dispose que les plates-formes numériques doivent être entièrement responsables de leur contenu, ajoutant que ce genre d'applications présente des risques pour la vie privée, d'où la nécessité d'une surveillance plus stricte du marché et de mesures préventives. 

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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