Alors que l'épidémie ralentit, les grandes villes de Chine voient les demandes de divorce exploser

A la suite d'un ralentissement des infections à nouveau coronavirus domestiques, les bureaux d'enregistrement dans les grandes villes ont été submergés par les demandes de divorce depuis qu'ils ont repris leur service ce mois-ci.

Ce déluge de demandes a incité beaucoup de gens à soupçonner que les règles d'auto-quarantaine, qui limitent le temps que les gens passent à l'extérieur de leur domicile pour freiner l'épidémie, ont fait des ravages sur les mariages chancelants, bien que certains avocats spécialisés dans le divorce soulignent que le mois qui suit le Nouvel An lunaire chinois est traditionnellement une période difficile pour les couples.

Selon le Huashang News, un journal local, à Xi'an, la capitale de la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine), l'afflux de demandes de divorce a conduit les officiers de l'état-civil locaux à implorer les couples qui se chamaillent d'y réfléchir à deux fois et d'éviter de prendre des décisions irréfléchies. Beaucoup auraient déclaré qu'ils travaillaient à fond pour gérer ce genre de demandes depuis leur retour au travail le 2 mars. Une recherche sur la plate-forme de réservation de service public de la ville faite par le China Daily a montré que les couples qui demandent le divorce doivent attendre début avril pour que leur requête soient examinée.

Selon les données locales, à Shanghai, les couples qui se querellent ont été consternés de constater qu'ils devaient attendre jusqu'au début du mois de mai pour déposer leur première demande, et ceux de Guangzhou, la capitale de la province du Guangdong (sud de la Chine), ont été contraints d'agir rapidement car les créneaux s'épuisaient pour avril.

Un officier de l'état-civil de Dazhou, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), a indiqué avoir traité 88 de ce type de demandes entre le 24 février et le 11 mars, une forte augmentation, ajoutant que le reste du mois de mars a été entièrement réservé.

Ordinairement, il n'est pas rare que des crises conjugales éclatent à la suite des vacances de la Fête du Printemps, que de nombreux avocats du mariage ont décrite comme un foyer de frictions familiales et même de relations rompues. Ces vacances d'une semaine réunissent sous le même toit des membres de la famille de plusieurs générations qui ont des habitudes de vie et des valeurs radicalement différentes, créant potentiellement de graves frictions, disent les avocats et les experts en relations.

Cette année, l'épidémie de nouveau coronavirus a perturbé les festivités de fin janvier et a forcé de nombreuses personnes à rester inactives à la maison sans salaire ou à travailler à distance. Les écoles ont également été fermées, obligeant des millions d'élèves à suivre des cours en ligne depuis leur chambre.

Selon Zhang Jing, directrice exécutive du Centre de recherche sur le développement de la famille à l'Université des femmes de Chine, l'espace limité à la maison a fait perdre des territoires indépendants aux couples pendant des mois, provoquant des interférences et amplifiant les petits problèmes.

Pour certains, la parentalité a été le point focal des conflits conjugaux pendant l'épidémie, qui a conduit à la fermeture des écoles et contraint les parents de jeunes élèves à enseigner à la maison afin de ne pas les laisser prendre du retard sur leurs pairs.

Cependant, Zhang Jing a noté que les liens se sont en revanche resserrés pour d'autres couples, généralement des cols blancs qui ont peu de temps de qualité les uns pour les autres en raison d'horaires contraignants. Les liens sont également plus forts chez certains couples qui sont tous deux des travailleurs hospitaliers dans les régions touchées par l'épidémie, car ils apprécient la bravoure de l'autre face à la mort, a-t-elle ajouté.

De son côté, Liu Ruini, avocate à Xi'an a également noté que les chiffres de demandes de divorce sont trompeurs, notant que tous ceux qui ont déposé une requête ne divorceront pas. « Beaucoup se sont disputés et n'en avaient pas l'intention », a-t-elle expliqué.