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Un médecin consacre sa vie aux soins de santé dans les hautes terres du Gansu

le Quotidien du Peuple en ligne | 18.09.2021 15h59

Après avoir quitté la métropole côtière en plein essor de Shanghai pour Maqu, un comté reculé situé à l'extrémité est du plateau Qinghai-Tibet, Wang Wanqing a consacré des décennies de sa vie aux soins de santé dans la région.

Vêtu d'un pardessus indigo matelassé de coton, le médecin de 77 ans lisait de la littérature médicale dans un cottage délabré construit dans les années 1990 en attendant d'être interviewé.

Il est arrivé dans le comté pour la première fois en 1969. À l'époque, la plupart des zones rurales de la Chine souffraient de services et de fournitures médicaux inadéquats. Pour changer la situation, le gouvernement chinois a promu l'importance des soins de santé dans les zones rurales et a encouragé le personnel médical à travailler dans les zones reculées.

Wang Wangqing marche pour soigner un patient. (Photo/Xinhua)

Le docteur Wang, qui est né à Shanghai et a passé les deux premières décennies de sa vie dans la ville, faisait partie du premier groupe de diplômés en médecine d'universités prestigieuses qui se sont portés volontaires pour travailler dans la Chine rurale. « Je suis allé là où mon pays avait besoin de moi », a-t-il déclaré.

Après des jours de trajets cahoteux en train, en bus et même en voiture à cheval, il a finalement atteint le canton d'Awancang à Maqu, situé dans la province du Gansu (nord-ouest de la Chine). À l'époque, la plupart des habitants étaient des bergers, vivant dispersés dans le canton de 1 500 kilomètres carrés.

Lorsque le docteur Wang est entré dans le centre de santé, le seul établissement médical du canton, il a été choqué par les mauvaises conditions de travail. Deux salles en pisé, l'une pour recevoir les malades et l'autre servant de dortoir, ne contenaient pas d’autre matériel qu'un tensiomètre et un stéthoscope.

La première nuit fut dure. À une altitude d'environ 3 700 mètres, le vent fort qui hurlait à l'extérieur du dortoir combiné au mal de l'altitude l'empêchait de s'endormir. Il alla chercher une flûte qu'il avait apportée de Shanghai dans ses bagages et commença à jouer.

Être médecin à la campagne n'était pas facile. « J'ai dû faire face à toutes sortes de maladies. Ce que j'avais appris à l'université était loin d'être suffisant », a-t-il raconté. Le docteur Wang demanda alors à ses parents de lui envoyer une série d'encyclopédies médicales de Shanghai et il essaya de les lire chaque fois qu'il en avait le temps.

Un jour, un jeune Tibétain de 10 ans fut amené au centre de santé après que son estomac ait été perforé par un bœuf. Le docteur Wang se rendit compte que ce serait une opération difficile et risquée, mais il garda son calme et décida de faire de son mieux pour sauver son patient.

Utilisant deux bureaux comme table d'opération et une ampoule nue comme lampe astrale, il effectua l'opération. Il termina deux heures plus tard, trempé de sueur. La nouvelle du succès de l'opération se répandit bien vite dans le canton, et le docteur Wang gagna la confiance et le respect des bergers.

Lorsqu'il travaillait au centre, le docteur Wang effectuait des tournées une fois par an pour administrer des vaccins aux éleveurs de la commune. Voyageant à cheval, son périple durera près de six mois. Un jour, lors d'une visite à domicile, il neigea pendant près de 15 jours, alors il dut se réfugier avec une famille d'éleveurs dans leur tente.

Le temps glacial et la solitude le rendaient mélancolique, et alors qu'il était assis drapé dans une couette, il ne pouvait s'empêcher de pleurer. Une vieille Tibétaine le tira de sa misère. Elle marcha à travers la glace et la neige pour lui apporter un bol de bouillie de riz. « Le riz était une denrée rare et chère pour les éleveurs à l'époque », se souvient-il. Chaque fois qu'il pensait à retourner à Shanghai, ce bol de bouillie chaude lui rappelait la gentillesse des villageois. « Ils me traitent comme l'un des leurs et je chéris aussi leur amitié », a-t-il déclaré.

En 1971, le docteur Wang épousa une Tibétaine, une autre travailleuse de la santé infatigable, à Awancang.

Selon Wang Tuansheng, le fils aîné du docteur Wang, son père est une personne assez complexe. « Parfois, je me sentais très proche de lui. Il m'a tout appris, et j'ai été influencé par sa personnalité. Mais à d'autres moments, je me sentais éloigné, car il était toujours très occupé par son travail et ne passait pas beaucoup de temps avec nous », a-t-il dit.

Lorsqu'il était jeune, Wang Tuansheng, aujourd'hui âgé de 49 ans, montrait un vif intérêt pour la médecine. « J'accompagnais mon père lorsqu'il effectuait des visites à domicile et l'aidais aux tâches ménagères autour du centre », a-t-il déclaré. Lorsqu'il a obtenu son diplôme d'une université de médecine à Lanzhou, capitale de la province du Gansu, Wang Tuansheng a été confronté au même choix que son père : devenir un médecin prometteur dans une grande ville, ou retourner à Maqu.

Bien que son père lui ait conseillé de travailler dans une zone urbaine, Wang Tuansheng a décidé de suivre les traces de son père. Après avoir servi dans sa ville natale pendant 20 ans, il est maintenant directeur de l'hôpital du comté de Maqu. « La décision de mon père m'a non seulement influencé, mais a également encouragé de nombreux jeunes à se consacrer aux soins de santé dans les zones rurales et reculées », a-t-il souligné.

Wang Wanqing est convaincu qu'aller à Maqu était la bonne chose à faire. « Si j'avais une seconde vie, je prendrais toujours la même décision sans hésiter », a-t-il affirmé.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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