Dernière mise à jour à 16h40 le 15/03
De nouvelles données montrent qu'un nombre croissant de travailleurs migrants ruraux ont été élus députés à l'Assemblée populaire nationale, la plus haute législature du pays.
S'appuyant sur leurs expériences personnelles, les législateurs nationaux ont participé aux Deux sessions annuelles -les réunions de l'Assemblée populaire nationale (APN) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), le principal organe consultatif politique- pour exprimer leur désir d'avoir davantage d'opportunités de formation professionnelle et de respect social pour leurs compagnons de travail.
Gao Ruihua, députée à la 13e Assemblée populaire nationale, forme des employés aux soins aux bébés à Nanjing, capitale de la province du Jiangsu. (Photo / Xinhua)
Selon les données publiées par le Bureau national des statistiques le 28 février, la Chine comptait 295,62 millions de travailleurs migrants l'année dernière, soit une augmentation de 1,1% par rapport à l'année précédente. Une liste de noms de députés à la 14e APN, publiée par l'agence de presse Xinhua le 24 février, montre que cette année, 56 d'entre eux étaient des travailleurs migrants. Ils n'étaient que 3 en 2018, lorsque des membres de ce groupe de population ont été élus pour la première fois à l'APN.
Zou Bin, un maçon primé d'une zone rurale de la province du Hunan (centre de la Chine), a été élu député à la 13e APN en 2018. Il a été réélu le mois dernier pour un nouveau mandat de cinq ans. Il s'est dit heureux de voir ce changement, car pour lui, cela signifie que plus de gens parlent pour le groupe, et il a noté que cela fait partie de la « démocratie populaire intégrale » de la Chine.
Au cours de ses cinq premières années en tant que législateur, Zou Bin, 28 ans a fait une multitude de suggestions tout en assistant aux deux sessions. L'une de ses propositions les plus connues a été que la formation axée sur les compétences soit renforcée pour les travailleurs migrants, en particulier pour les jeunes comme lui. Ces suggestions ont été le principal moteur d'une directive gouvernementale publiée en 2021 par les autorités chargées de l'emploi, qui stipulait que la formation des travailleurs industriels devait être améliorée.
« Je veux encourager les jeunes travailleurs par mon exemple, et j'espère les conduire sur la voie de servir notre pays avec leurs compétences », a déclaré Zou Bin, inspecteur de la qualité au 5e bureau de la General Contracting Company of China State Construction Engineering Corp., une entreprise de construction appartenant à l'État dans le Hunan.
Ses deux parents travaillant dans le secteur de la construction, il a abandonné le collège pour les aider. Avec le temps, il est devenu un ouvrier du bâtiment chevronné. En 2015, il a été sélectionné comme membre de la délégation chinoise de 32 personnes au 43e Concours mondial des métiers qui s'est tenu à Sao Paulo, au Brésil, où le jeune homme de 19 ans a remporté une médaille d'excellence en maçonnerie, le premier prix chinois dans cette catégorie. Avant la compétition, il avait suivi un programme de formation particulièrement difficile en Chine, où il a appris que les meilleurs maîtres de la maçonnerie doivent avoir une bonne maîtrise de la géométrie et des mathématiques pour tracer des motifs compliqués.
L'expérience lui a fait prendre conscience de l'importance des compétences et des possibilités de formation dont la génération de son père a rarement pu bénéficier. « Je suis connu et reconnu par le public du fait de cette compétition. Et c'est pourquoi, en tant que jeune législateur, je me sens obligé d'attirer l'attention sur leurs intérêts », a-t-il déclaré, ajoutant que c'est une époque où chacun peut faire une différence.
De son côté, Ma Changzhai a dit que lorsqu'elle est devenue balayeuse de rue à 24 ans, elle s'est sentie tellement gênée qu'elle ne pouvait pas lever les yeux du sol. Mais aujourd'hui, cette femme de 39 ans, qui a été élue députée à l'APN le mois dernier, a déclaré qu'elle se sentait importante en tant qu'« esthéticienne urbaine ».
« Cependant, être un travailleur de l'assainissement est une tâche laborieuse avec un salaire modeste », a déclaré Ma Changzhai, qui travaille à Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei (nord de la Chine).
En raison de ces facteurs, il est devenu de plus en plus difficile de maintenir une équipe stable d'employés et de recruter de nouveaux membres. Elle a suggéré que le gouvernement crée une Journée nationale des nettoyeurs dans le cadre des efforts visant à démontrer le respect pour le groupe et à aider les travailleurs de l'assainissement à se reconnaître comme travaillant dans un métier « glorieux, noble, grandiose et beau ».
« Ce n'est que lorsqu'il y aura suffisamment de respect pour les nettoyeurs que le cours des travaux d'assainissement pourra se développer sainement », a-t-elle affirmé.