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A la rencontre de la dernière cheffe de tribu de Chine

le Quotidien du Peuple en ligne | 22.08.2023 14h59

Dekesha, la fille de Maliya Suo, dernière cheffe de tribu de Chine, s'est exprimée sur la relation unique entre les hommes et les rennes lors d'une interview accordée à China News Service.

Les Ewenki d'Aoluguya, dispersés le long de la frontière sino-russe, sont la dernière tribu éleveuse de rennes en Chine.

Née en 1921, Maliya Suo était la dernière matriarche des Ewenki d'Aoluguya. Elle a passé la totalité de sa vie avec les autres membres de la tribu dans la partie la plus au sud de la taïga située dans la région du cercle polaire arctique. Elle est décédée le 20 août 2022 à l'âge de 101 ans.

D'aussi loin que Dekesha se souvienne, les rennes ont toujours été bien plus que de simples animaux. Ils ont été ses amis.

Maliya Suo, dernière matriarche de l'ethnie Ewenk du canton d'Aoluguya. (Photo / China News Service)

Maliya Suo, dernière matriarche de l'ethnie Ewenk du canton d'Aoluguya. (Photo / China News Service)

« Ils sont plus comme des frères et sœurs pour nous. On vit ensemble et notre destin est lié à jamais à eux », a-t-elle déclaré.

La relation que sa mère entretenait avec les rennes a commencé quand elle était très jeune. « Dès le moment où elle a été en âge de garder un troupeau, ma mère partait à la chasse avec ses parents et les aidait à nourrir les rennes », raconte Dekesha.

Sa mère lui a appris que sans rennes, les Ewenki ne pourraient pas mener une vie paisible.

En 2003, les habitants du canton d'Aoluguya ont quitté les montagnes pour aller s'installer dans la banlieue ouest de la ville de Genhe en Mongolie intérieure (nord de la Chine). Ce changement a marqué le passage d'un mode de vie autour de la chasse et des rennes à un mode de vie moderne.

Dekesha se souvient qu'après l'Année 2008, avec le soutien du gouvernement local, les conditions de vie sur les territoires de chasse dans les montagnes se sont considérablement améliorées. « Des panneaux solaires ont été installés et chaque famille a reçu un tracteur, un camping-car, une tente et d'autres équipements. »

Le canton d'Aoluguya a établi 14 territoires de chasse. Il compte actuellement près de 350 chasseurs ewenki. La population de rennes dans le canton est passée d'environ 400 à plus de 1 400 individus.

Décédée, Maliya Suo laisse derrière elle les rennes et la forêt qu'elle aimait. Mais à présent, c'est sa fille qui incarne sa passion pour ces animaux.

Des rennes se nourrissent dans le Grand Khingan en Mongolie intérieure. (Photo / China News Service)

Des rennes se nourrissent dans le Grand Khingan en Mongolie intérieure, le 25 avril 2023. (Photo / China News Service)

« Les Ewenki s'appuient sur la tradition orale et n'ont pas de langue écrite. Au fil des ans, nous avons transmis notre patrimoine ethnique, y compris notre langue », explique Dekesha.

Par le biais des réseaux sociaux, elle enseigne l'ewenki à ceux qui le souhaitent et utilise une plate-forme afin que les apprenants puissent échanger leurs opinions.

« Les jeunes retournent vivre dans les montagnes pour se consacrer à l'élevage de rennes. Ils ont même créé une association qui effectue des recherches en collaboration avec des experts sur l'Arctique dans le but de promouvoir le développement de la culture de la zone arctique. C'est merveilleux ! » a déclaré Dekesha.

Elle pense que c'est ce que sa mère a cherché à accomplir tout au long de sa vie : attirer l'attention des gens sur les rennes.

Dekesha, aujourd'hui âgée d'une soixantaine d'années, reste vivre dans la montagne et s'occupe de plus de 100 rennes. Elle se rappelle toujours les mots de sa mère : « Génération après génération, nous protégeons les forêts et nous nous rapprochons de la nature. Tout comme j'aime mes enfants, j'aime les rennes. »

(Rédacteurs :实习生3, Yishuang Liu)
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