L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en Tunisie a annoncé mardi avoir reçu 70 candidatures à l'élection présidentielle prévue pour le 23 novembre 2014.
Déposées durant la période allant du 8 au 22 septembre, ces candidatures seront triées par l'ISIE qui va rendre publique, le 26 septembre, sa liste préliminaire des dossiers approuvés.
"Nous avons reçu 70 dossiers de candidature", a déclaré le chargé de la communication auprès de l'ISIE, Lassaad Ben Ahmed. Selon lui, "tous ces dossiers seront examinés d'ici vendredi et l'ISIE annoncera par la suite la liste des dossiers ayant rempli les conditions fixées par la réglementation".
"La liste définitive sera divulguée le 25 octobre prochain, après l'expiration des délais de recours en justice", a encore expliqué M. Ben Ahmed dans une déclaration de presse. Un candidat à la présidentielle doit impérativement avoir soit 10 parrainages émanant de députés à la Constituante, soit 10.000 signatures d'électeurs répartis sur, au minimum, 10 parmi les 33 circonscriptions électorales.
Parmi les candidats potentiels à la présidentielle tunisienne figurent deux actuels hauts responsables, le président tunisien Moncef Marzouki et le président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar, en l'occurrence.
Une première en Tunisie, depuis son indépendance (mars 1956), quatre femmes se portent candidates à la présidentielle à savoir une présidente de parti politique, Emna Mansour Karoui ainsi que trois independantes dont la juge Kalthoum Kannou.
Certains médias locaux et arabes ont pu remarquer la forte présence des hommes d'affaires en lice pour la présidence, et, pour ne citer que deux exemples, Slim Riahi à la fois fondateur de l'Union patriotique libre (parti politique) et président d'un club de football de la capitale, ainsi que Mohamed Frikha, ex-patron de la compagnie aérienne privée Syphax Airlines, deuxième transporteur tunisien après la compagnie nationale, Tunisair.
Pour ce qui est de la candidature de l'homme d'affaires Mohamed Frikha, une polémique s'est déclenchée récemment du fait que ce dernier n'est autre que l'une des têtes de liste du parti islamiste Ennahdha (majoritaire à la Constituante) pour les élections législatives, qui auront lieu le 26 octobre 2014.
Qualifiant cette candidature de "décision personnelle", Ennahdha a déjà confirmé avoir invité M. Frikha à ne pas se porter candidat à la présidentielle. "Ennahdha n'a pas encore arrêté son choix sur le candidat qu'elle soutiendra à la présidentielle", a affirmé Zied Lâadhari, porte-parole officiel de ce parti.
A priori, des sondages tunisiens ainsi que commentaires locaux affirment que Béji Caïd Essebsi, ancien Premier ministre post-révolution et actuel leader du principal parti opposant, "Nidaa Tounes" (Appel de Tunisie) se veut principal favori à la présidentielle aux côtés de l'ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli.
Touefois, les chiffres de l'ISIE révèlent que l'homme d'affaires Slim Riahi a collecté 150.000 signatures d'électeurs. M. Nabli a bénéficié de 40.000 signatures et 25.000 électeurs ont signé pour M. Essebsi.
En octobre 2011, les islamises d'Ennahdha ont remporté les élections législatives pour ainsi détenir la majorité écrasante de sièges à l'Assemblée constituante (89 parmi 217 sièges).
Depuis lors, un gouvernement tripartite de coalition (Troika) a pris les rênes du pouvoir en Tunisie commandé par Ennahdha, le Congrès pour la République (parti de l'actuel président Marzouki) et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti de l'actuel président de la Constituante, Mustapha Ben Jaâfar).
Pour la présidentielle de 2014, la Tunisie aura, pour la première fois depuis la révolution, un président de la République élu directement par le peuple au suffrage universel.