Une photo de Tchouri, transmise par Philae. |
La sonde de l'Agence spatiale européenne Philae a peut être du mal à s'accrocher sur sa cible, mais les premières découvertes qu'elle y a faites méritent toute notre attention. Transmettant depuis un coin sombre de la comète 67P / Churyumov-Gerasimenko, surnommée « Tchouri », Philae a trouvé plusieurs molécules organiques -dont quatre jamais détectées auparavant sur une comète- qui sont des éléments importants de la vie.
Les données analysées dans sept études publiées jeudi dans la revue Science américaine ont été recueillies par 10 instruments installés à bord de Philae pendant les 60 premières heures après son arrivée sur Tchouri, entre les 12 et 14 novembre de l'année dernière. « Rien de tout cela n'était connu avant », a déclaré le professeur Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de la mission de Philae, disant à l'AFP que « les propriétés physiques et la composition d'une comète ne sont pas comme nous l'avions imaginé ».
Philae a découvert que ce corps céleste, vieux d'environ 4,6 milliards d'années, est de 75 à 85% poreux, avec une surface granuleuse par endroits et une croûte rigide ailleurs. Selon M. Bibring, les scientifiques s'attendaient à trouver un objet tenu ensemble par la glace, mais à la place, ils ont découvert des molécules organiques complexes qui se sont formées à la naissance du système solaire. Ces molécules peuvent avoir été les semences de la vie dans les océans de la Terre quand elles sont tombées sur notre planète.
« Nous avons déjà trouvé des molécules fascinantes que nous avons jamais vu sur une comète avant », a-t-il déclaré à l'AFP. Au total, 16 composés ont été identifiés, venant de six classes de molécules organiques, comprenant des alcools et des acides aminés. Selon M. Bibring, certains de ces produits chimiques forment le « début d'une chaîne de l'évolution qui pourrait les conduire à former des composants organiques complexes ». La comète est restée dans un état relativement stable depuis la formation du système solaire il y a 4,6 milliards années -une capsule de temps dans l'espace. « Je suis convaincu que Philae nous aidera à progresser considérablement dans notre compréhension de l'origine de la vie », a conclu M. Bibring.