Porté par de perspectives de croissance économique nationale de 5% pour la troisième année consécutive ainsi que la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie de diversification économique, le secteur privé djiboutien pourrait connaître un essor considérable au diapason des ambitions économiques de ce minuscule pays de la Corne d'Afrique qui compte devenir un hub régional économique et commercial incontournable.
En 2012, la Chambre de commerce de Djibouti (CDD) a recensé 3. 435 entreprises, constituées en majorité par des microstructures. Depuis, Djibouti a entrepris néanmoins un travail de fond portant sur la diversification du modèle économique national.
Cette étude a identifié des secteurs porteurs en termes de croissance et d'emplois dont le potentiel n'est pas encore pleinement exploité.
Il s'agit des secteurs du tourisme, de la pêche, de certains segments du transport et des activités logistiques et des télécommunications.
Selon les conclusions de la plupart des analystes économiques locaux, la mise en place effective de cette stratégie de diversification économique, soutenue par une amélioration, en parallèle, de l'environnement des affaires, pourrait constituer un tournant décisif pour l'économie djiboutienne en favorisant le développement de son secteur privé, la diversification des sources de croissance du pays et la réduction du chômage.
Actuellement, malgré une tendance à l'augmentation du nombre des projets d'investissement, le secteur privé à Djibouti ne semble pas connaître de véritable dynamique entrepreneuriale et reste toujours embryonnaire et peu structuré, selon une récente étude la Banque Mondiale.
Son faible développement s'explique par le rôle prépondérant de l'État dans l'économie du pays et les contraintes liées à l' environnement des affaires.
Les activités économiques se concentrent principalement dans le secteur des services : commerce, transport et logistique, hôtellerie, banques mais aussi dans le secteur de la construction, des bâtiments et travaux publics.
Malgré le bon positionnement du pays dans la catégorie commerce transfrontalier du classement Doing Business 2013, la conduite des affaires reste confrontée à des difficultés liées à l' enregistrement d'un titre de propriété, l'application des contrats, l'obtention d'un crédit, la création d'entreprise et la protection des investisseurs.
Ces catégories ont enregistré de faibles performances pour lesquelles le meilleur classement n'excède pas le 148e rang.
Même si le coût élevé des facteurs de production (énergie, eau et ressources humaines) continue de freiner le développement du secteur privé, des avancées notables ont été réalisées depuis 2011 avec l'entrée en service de l'interconnexion électrique entre l' Éthiopie et Djibouti.
Celle-ci a permis d'améliorer significativement la disponibilité de l'énergie, d'éliminer les fréquents délestages et de réduire les importations de pétrole du pays.
Pour l'heure, elle n'a pas encore conduit Électricité de Djibouti à une réduction significative du prix de l'électricité ce qui favoriserait le développement du secteur privé.
A ce sujet, les autorités djiboutiennes sont en cours de finalisation d'un projet de forages géothermiques visant à quantifier la ressource en vue de son exploitation à partir de 2014.
Afin d'améliorer la disponibilité de l'eau potable dans le pays, les autorités de ce pays travaillent également à la mise en place d'une unité de dessalement d'eau de mer. Ces projets permettront à terme d'améliorer l'environnement des affaires grâce à une meilleure disponibilité des facteurs de production et à la réduction de leurs coûts.
Parallèlement, l'Agence djiboutienne pour la promotion des investissements vient de lancer avec le concours de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) une plateforme électronique d'informations entièrement dédiée aux investisseurs.
Cette initiative qui est la première du genre au pays vient renforcer les ambitions de Djibouti qui, fort d'un positionnement stratégique, a toujours oeuvré pour accroître son rôle de plaque tournante commerciale et de principale destination des investissements au niveau régional.
"Notre pays a entrepris, avec la collaboration de ses partenaires au développement, plusieurs mesures et activités tendant à l'amélioration de son climat des affaires, le dernier programme étant bien sûr, l'examen des Politiques d'Investissement conduit par le CNUCED", a indiqué récemment à la presse le ministre djiboutien de l'Economie, Ilyas Moussa.
Egalement, des experts de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) vont prochainement séjourner à Djibouti pour la mise en place d'un autre instrument électronique d'orientation des opérateurs dénommé "E.regulation" qui possède un lien fonctionnel avec son pendant de "i.guide". Le projet devrait aller de pair avec la refonte du Code djiboutien des Investissements dans la perspective d'une amélioration optimale de l'environnement des affaires Djibouti.
Selon le Gouverneur de la Banque Nationale djiboutienne, M. Ahmed Osman, l'amélioration de la compétitivité de l'économie locale reste un objectif majeur du programme économique de Djibouti dans l'optique de favoriser le développement du secteur privé et les investissements étrangers.
"Le gouvernement de Djibouti s'est engagé à poursuivre les réformes structurelles et à achever celles en cours, et à adopter en particulier des mesures pour réduire le coût de l'énergie dans le cadre d'une stratégie élaborée avec les bailleurs de fonds, augmenter l'offre d'eau en baissant son coût, restructurer les entreprises publiques et améliorer l'accès de la population aux services publics", a-t-il précisé.
Djibouti a gagné 12 places dans le classement général et 61 places dans le critère de la création d'entreprise dans l'édition 2014 du Doing Business publié par la Banque Mondiale.