La calligraphie « Gong Fu Tie », achetée par le collectionneur chinois Liu Yiqian chez Sotheby en septembre. Fourni au China Daily |
La maison d'enchères internationale Sotheby a réaffirmé dimanche l'authenticité d'une œuvre de calligraphie achetée cette année par un collectionneur chinois pour 8,2 millions de Dollars, malgré les affirmations de trois experts chinois qui disent que c'est un faux, ce que nie Sotheby.
Lors du week-end, trois chercheurs du Musée de Shanghai ont dit qu'ils étaient sur le point de livrer un rapport de recherche sur une méthode de copie utilisée dans la création de fausses œuvres de calligraphie, y compris la preuve que la calligraphie « Gong Fu Tie », due, dit-on, à l'artiste Su Shi ( 1037 -1101 ), a été produite en utilisant cette méthode.
S'ils ont raison, la pièce aurait alors été créée au 19e siècle, soit environ 800 ans après la mort de son supposé créateur.
Liu Yiqian, collectionneur de renom, a acheté l'œuvre, à l'origine évaluée entre 300 000 et 500 000 Dollars, lors d'une vente aux enchères de Sotheby à New York en septembre.
Cette calligraphie, de seulement neuf caractères, a été décrite comme l'un des plus beaux exemples de calligraphie jamais produit et a été étudiée par les chercheurs depuis des siècles.
« Sotheby maintient fermement l'attribution de la calligraphie ‘Gong Fu Tie' au poète Su Shi de la Dynastie des Song », a dit Andrew Gully, Directeur mondial des communications pour la maison de vente aux enchères, dans une interview par e-mail accordée dimanche.
« Nous n'avons pas encore reçu le rapport évoqué dans les récents articles des médias, mais nous prenons toutes les questions d'authenticité au sérieux et nous sommes tout disposés à un examen et à répondre à toutes les questions soulevées », a-t-il ajouté.
« Sotheby adhère aux normes éthiques les plus élevées sur le marché et se réserve tous ses droits dans cette affaire ».
M. Liu, entrepreneur à succès et co-fondateur du Musée Long de Shanghai, âgé de 50 ans, a déclaré dimanche que la maison d'enchères a promis de consulter des experts de musées à travers le monde pour évaluer l'authenticité de l'œuvre, afin qu'un rapport soit délivré au Musée de Shanghai.
Il a dit qu'il demandera un remboursement s'il s'avère que l'œuvre est une contrefaçon.
« Sotheby m'a assuré que si le Musée de Shanghai a raison au sujet de la calligraphie, il prendra des mesures pour sauvegarder les intérêts des acheteurs ainsi que leur réputation », dit-il. Mais si les experts du monde entier s'accordent à dire que le Musée de Shanghai s'est trompé, Sotheby essaiera aussi de préserver sa réputation par d'autres moyens, a-t-il ajouté.
Selon M. Liu, cette calligraphie a obtenu l'approbation d'au moins deux grands collectionneurs. Xu Bangda (1911-2012) et Zhang Congyu (1914-1963) ont salué cette œuvre d'art comme une pièce de haut-niveau dans leurs manuscrits ou anthologies.
« Je n'ai jamais entendu parler d'une opinion contraire sur cette calligraphie avant », a déclaré M. Liu, ajoutant qu'il n'a aucune idée de la raison pour laquelle la pièce a tout d'un coup fait l'objet d'une controverse.
Mais la controverse est une bonne chose, a dit M. Liu. « Cela permettra de révéler la vérité sur l'histoire ».
Les trois chercheurs du Musée de Shanghai, fondé en 1952, n'ont pas pu être joints pour commenter dimanche.
Chen Yunke, un attaché de presse du musée, a déclaré que les trois experts sont des savants respectables possédant une profonde expertise dans l'évaluation d'œuvres d'art anciennes.
L'un des chercheurs est l'ancien directeur du musée de peintures et de calligraphie chinoises Shan Guolin, et un autre est un connaisseur chevronné, Zhong Yinlan. « Ils ont travaillé toute leur vie au Musée de Shanghai avant leur retraite », a déclaré M. Chen.
La troisième chercheur est Ling Lizhong, qui travaille toujours pour le musée.
Ils affirment que la calligraphie « Gong Fu Tie » est une contrefaçon créée à une époque située entre 1820 et 1871 en utilisant la méthode de reproduction classique consistant à recouvrir la calligraphie originale avec une feuille de papier d'une meilleure transparence, à dessiner le contour de chaque caractère avec un pinceau fin, puis à les remplir avec de l'encre.
L'œuvre devait être exposée à partir du 28 mars dans une nouvelle salle devant être ouverte au Musée Long.