Le suicide demeure un sujet tabou en Chine. Les études sur ce fléau étaient inexistantes jusque dans les années 90.
Michael Phillips s'est penché sur la question pendant plus de vingt ans. Entre 1995 et 2000, il a collaboré avec le CDC chinois pour mener une étude, la plus importante jamais réalisée, concernant le suicide en Chine. Il a rencontré de nombreuses familles un peu partout dans le pays pour parler de leurs proches qui se sont suicidés.
«Le suicide est un problème très complexe. Il s'agit d'une situation différente en fonction des différents groupes», a déclaré M. Phillips, actuellement directeur de la recherche et de la prévention du suicide au Centre de santé mentale de Shanghai, lauréat du Prix de la coopération scientifique et technologique internationale en 2012, décerné par le Conseil d'Etat chinois. Les difficultés chez les jeunes sont liées à l'éducation et l'environnement familial. Dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire dans le pays. »
L'étude a révélé que de 1995 à 1999, le taux de suicide en Chine a atteint un taux de 0,023%, l'un des plus élevés au monde. Ces dernières années, ce pourcentage a chuté, en grande partie grâce à des contrôles sur la consommation des pesticides, à l'assistance médicale et à une meilleure éducation.
Cependant, la tendance au suicide chez les jeunes ces dernières années, suscite de grosses inquiétudes.
Un sondage réalisé en 2008 auprès de plus de 3 800 adolescents à Foshan, dans la province méridionale du Guangdong, a révélé que 17% des collégiens ont déjà eu des idées de suicide. Les principales raisons étant la pression de bien se comporter, des sentiments d'isolement et de solitude, selon un rapport publié par les autorités de santé de la ville.
«Cela a un lien évident avec le système national de l'éducation de base, a déclaré Xu Kaiwen, professeur agrégé de psychologie clinique à l'Université de Beijing. Les jeune filles ont été formées pour travailler dur et recevoir de bonnes notes dès l'enfance. Mais elles manquent cruellement d'éducation quant à la valeur de la vie». Xu a ajouté que le problème était encore plus grave dans les meilleures universités. «Quand les étudiants rencontrent des difficultés, ils deviennent fragiles. Ces problèmes vont s'étendre à leur vie personnelle et professionnelle quand ils quitteront l'université. » a-t-il souligné.