Q : La diplomatie française est très active depuis votre prise de fonctions. Comment percevez-vous le monde d'aujourd'hui, la montée en puissance des pays émergents, la mondialisation? Quel rôle la Chine devrait-elle jouer à l'avenir sur la scène internationale?
A : Les initiatives prises par la France illustrent sa volonté de prendre toute sa part à la construction d'un monde plus stable, à une véritable gouvernance mondiale.
Les ordres anciens ont disparu et les nouveaux équilibres peinent à se trouver.
La France et la Chine, qui sont deux grandes puissances, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui ont une coopération très forte dans le cadre du G20, doivent y oeuvrer ensemble.
Ma venue est donc l'occasion d'intensifier notre dialogue sur les grands enjeux internationaux.
J'ai abordé cet après-midi avec le président Xi Jinping tous les grands sujets : Corée du Nord (RPDC, ndlr), Syrie, Mali, Iran, lutte contre le terrorisme international.
Nos deux pays doivent aussi travailler ensemble pour une croissance équilibrée, à laquelle nous avons tous intérêt. C'est l'objet du dialogue économique et financier que la France souhaite renforcer avec la Chine.
Nous devons enfin relever le défi environnemental. La France a proposé d'être l'hôte de la conférence des parties de la Convention climat en 2015, date à laquelle sera adopté le futur accord global devant s'appliquer à partir de 2020. Je souhaite que, dans cette perspective, nos deux pays renforcent tout particulièrement leurs échanges.
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Q : Vous avez mentionné à plusieurs reprises vouloir rétablir des relations économiques plus équilibrées entre les deux pays, c'est à dire réduire le déficit commercial excessif de la France avec la Chine. Quelle en est selon vous la raison essentielle? Quelle solution envisagez-vous? Avez-vous un plan spécial concernant la Chine?
Le commerce avec la Chine génère effectivement notre plus gros déficit commercial bilatéral (26 Mds euro en 2012).
La France aborde sa relation avec la Chine avec une ambition et une exigence élevée. Nous souhaitons tirer notre partenariat vers le haut dans la réciprocité. Ce principe, que la Chine pratique elle-même, est le fondement des relations de l'Union européenne avec ses partenaires stratégiques. L'Europe est l'un des ensembles économiques les plus ouverts au monde, et elle attend de ses partenaires le même degré d'ouverture.
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Q : L' Europe a pris de nombreuses mesures pour faire face à la crise : renforcement de la discipline budgétaire, mise en place d'un certain nombre de mécanismes pour stimuler la croissance, renforcement de la cohérence des politiques économiques des Etats-membres de l'Union européenne. Comment appréciez-vous l'état de l'intégration européenne? Comment considérez-vous les relations sino-européennes dans le contexte actuel?
A: L'Union européenne a fait beaucoup depuis plus d'un an pour renforcer la zone euro. Des décisions fortes ont été prises pour apporter une réponse efficace à la crise, pour préserver l'intégrité de la zone, et engager un contrôle du comportement des banques.
Ces mesures, auxquelles la France a beaucoup contribué, répondent à un triple objectif : croissance, stabilité et solidarité. Mais nous devons encore retrouver la croissance. C'est l'intérêt de la zone Asie-Pacifique, car la prospérité de la Chine et celle de l'Europe sont indissociables.