Pour le secrétaire permanent du Réseau francophone des régulateurs des médias (Refram), l'Afrique doit gérer et organiser elle-même sa façon de passer au numérique. Michel Boyon, secrétaire permanent du Réseau des régulateurs francophones des médias, participait au séminaire sur le passage de l'audiovisuel analogique à la diffusion numérique à Dakar les 6 et 7 novembre dernier.
Xinhua : Quels sont les avantages du numérique ?
Michel Boyon : D'abord que les africains ne redoutent pas le passage au numérique. Le numérique est un mot qui fait peur et pourtant, il nous est familier dans le téléphone, dans les équipements électroménagers, dans les voitures. On n'arrive à le maîtriser sans aucune difficulté. Et il n'y a donc pas de raison qu'il y ait une différence en ce qui concerne la télévision. Les avantages sont nombreux : d'abord, c'est de bien meilleure qualité d'images, cela permet d'éviter tous les faux tirets que l'on a parfois à l'écran, c'est plus de chaînes de télévisions, c'est-à-dire donc, plus de liberté de choix pour le téléspectateur, ce qui est fondamental dans un pays démocratique. Et cela permettra de donner un coup de pouce à tous ceux qui travaillent sur la télévision. Qu'il s'agisse des personnes qui travaillent dans les filières techniques ou de ceux qui travaillent dans les programmes, ça va permettre de donner un nouvel élan à la production audiovisuelle de chacun des pays qui vont passer au numérique. La production nationale va être développée ce qui permettra à chacun d'affirmer son identité dans le respect de la diversité.
Xinhua : Et qu'en est-il, en terme de régulation ?
Michel Boyon : Le numérique doit permettre une nouvelle forme de régulation. Il doit même les affirmer parce que plus de chaînes conduit aux choix des chaînes, à leur viabilité économique. La pluralité des chaînes représente quelque chose de positif pour le téléspectateur et donc tout ceci doit être mûrement travaillé et réfléchi. Ca posera la question de savoir qui demain accordera les autorisations aux nouvelles chaînes ? Il existe des pays où c'est l'autorité de régulation qui s'en charge, dans d'autres, c'est le ministère.
Xinhua: Le passage au numérique à un coût est-ce que les pays africains y arriveront ?
Michel Boyon : Il faut que ce soit l'Afrique, elle-même qui gère et organise sa façon de passage au numérique. Cela coûte un peu d'argent, c'est vrai, mais il faut qu'il y ait de ce point de vue une mobilisation des autorités publiques pour que chaque pays d'Afrique finance lui-même son passage au numérique, dans le respect de l'identité des pays africains. Il ne faut pas que des opérateurs ou des investisseurs étrangers mettent leur argent dans le secteur de la télévision numérique pour prendre pied en Afrique afin de réaliser d'autres opérations commerciales ou infrastructures.