Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a rendu sa démission mardi en faisant une déclaration à la télévision nationale vers 04H00 heure locale.
"Je démissionne ce jour, mardi 11 décembre 2012, ainsi que tout mon gouvernement", a-t-il déclaré à la télévision nationale avec un ton visiblement désespéré.
"Je m'excuse auprès de l'ensemble des Maliens qui souffrent à cause de la crise (...). Je remercie l'ensemble des ministres de mon gouvernement ainsi que leurs collaborateurs", a-t-il dit avant d'ajouter "Je souhaite succès pleins au nouveau au gouvernement qui sera formé".
ARRESTATION DE DIARRA PAR DES MILITAIRES DE KATI
Le PM a annoncé sa démission peu après son arrestation par des militaires de Kati.
D'après des sources militaires, M. Diarra a été arrêté chez lui dans la nuit de lundi à mardi aux environs de minuit par des militaires de Kati (siège de l'ex-junte, situé à 15 kilomètres de Bamako), sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l'ex-junte et président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défenses et de sécurité du Mali.
Le PM aurait dû "aller à Paris pour une consultation médicale, mais ses bagages n'ont pas été acceptés à l'aéroport sur ordre des militaires. Les mêmes militaires au nombre d'une vingtaine d'hommes armés lui ont rendu visite chez lui", ont raconté des sources concordantes.
A en croire certaines sources civiles et sécuritaires, "les militaires qui ont arrêté le PM lui ont fait savoir qu'ils viennent sur ordre du Capitaine Amadou Haya Sanogo et qu'il n'est plus libre de ses mouvements, avant de lui signifier qu'il doit les suivre".
D'autres sources militaires ont confirmé que "le PM a été amené à Kati"', ajoutant "donc sur ordre du Capitaine Sanogo, puisque c'est lui le chef à Kati".
UN CLIMAT POLITIQUE PEU FAVORABLE
M. Diarra a été nommé au poste de PM pour diriger un gouvernement par intérim quelques semaines après le lancement d'un Etat en mars dernier, qui a mis le pays dans une profonde crise.
L'avocat âgé de 60 ans prévoit de faire venir une force d'intervention ouest-africaine pour chasser les extrémistes qui contrôlent le nord du pays. Mais d'après des analystes, une telle intervention étrangère est confrontée à une objection vigoureuse de la part de M. Sanogo.
A noter que M. Diarra, qui aurait dû présider les cérémonies d'ouverture et de clôture de l'Espace d'interpellation démocratique (EID), n'y était pas au motif qu'il "ne se sentait pas en bonne santé".
Pour rappel, le climat politique de ces derniers au Mali n'est pas au beau fixe. En effet, de nombreux "grincements de dents" sont couramment formulés notamment par des pro-putschs réunis au sein de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM).
La vice-présidente de la COPAM, Pr. Rokia Sanogo et ses camarades ont indiqué jeudi dernier lors d'une conférence de presse, tenue à la pyramide du Souvenir, " le Premier ministre Cheick Modibo Diarra nous a déçus. C'est nous qui l'avons proposé à nos partenaires, les militaires, mais il a déçu nos espoirs".