« Le 21 décembre, est-ce que ce sera la fin du monde? », voici la question qui s'est répandue dans le cyberespace. « Non, mais ce sera la fin des rumeurs sur elle », a répondu un plaisantin. Bien sûr, il est illusoire de penser que le dernier jour du calendrier utilisé par les Mayas il y a des siècles est vraiment celui où notre monde va disparaître. Mais cela n'a pas empêché les intérêts commerciaux de jouer sur les peurs des gens, du film-catastrophe champion du box-office dépeignant un raz de marée balayant notre civilisation aux ventes de « kits de survie ».
Scientifiquement, nous en savons maintenant assez sur la géophysique de la Terre pour nous rendre compte que nous risquons effectivement de connaître l'apocalypse -tremblements de terre, tsunamis, conditions météorologiques extrêmes et peut-être même un météore fou- mais cela n'a pas empêché les Cassandre de tout poil de donner certaines dates et certains points de ralliement pour un transfert vers un autre monde. Ils n'utilisent pas tous le calendrier Maya pour donner la date à laquelle le monde va disparaître -après tout, ils peuvent aussi juste en avoir rêvé un ou prétendre avoir eu une vision ou avoir interprété certains numéros ou codes extraits d'un texte religieux. Une recherche sur Google recense quelque 160 « prédictions ratées » de la fin du monde, beaucoup d'entre elles faisant même une seconde tentative. Outre la fascination mystique pour une sorte d'Armageddon, il y a aussi des histoires décrivant un holocauste nucléaire d'origine humaine.
La possibilité d'autodestruction de l'espèce humaine a ainsi été dépeinte de manière saisissante dans le roman de Neville Shute Norway, « Le dernier rivage », qui se passe à Melbourne, une des dernières villes touchées par le nuage nucléaire venant d'une guerre généralisée qui a éclaté dans l'hémisphère Nord. Outre le drame émotionnel que vivent les personnages principaux qu'une mort horrible et imminente attend, l'ensemble de la société s'y résigne à ne plus avoir à vivre que pour quelques mois, et les gens modifient leur comportement en conséquence.
La série de films Terminator repose elle sur l'hypothèse d'un robot, Cyberdyne, revenu du futur, qui a connu une guerre nucléaire généralisée, dans notre présent ; l'héroïne apprend que la guerre a éclaté le 29 août 1997, et, plus tard dans la série, que le « J-Day » (Jour du Jugement Dernier) a été déplacé au 25 juillet 2004. Dans le film, l'héroïne « prédit » l'explosion nucléaire qui s'approche avant de submerger une aire de jeux où batifolaient des d'enfants heureux et les voit incinérés et transformés en squelettes… jusqu'à ce qu'elle se réveille dans la réalité.
Mais les Mayas ne voulaient eux aucun mal quand ils ont simplement abandonné un calendrier allant trop loin dans l'avenir pour eux. Bien que, sans aucun doute, les médias vont encore en profiter un peu, avant et après, en réalité, le 21 décembre, un vendredi, commencera et finira, comme n'importe quel autre jour.
Cependant, parler de la fin de la fin du monde devrait tout de même donner à réfléchir.