Plusieurs pays arabes et occidentaux ont reconnu la nouvelle coalition d'opposition syrienne comme représentante légitime du peuple syrien, tandis que sur le terrain en Syrie, la situation humanitaire ne cesse de se détériorer.
Mercredi, lors d'une réunion dans la ville marocaine de Marrakech, le groupe des Amis de la Syrie a reconnu la Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition et de la révolution, formée par les groupes d'opposition syriens en novembre dernier au Qatar, comme "représentante légitime du peuple syrien".
Les représentants de 114 pays et régions ainsi que de 15 organisations non gouvernementales ont participé à cette réunion à Marrakech. Ils se sont engagés à apporter un soutien aux forces de la coalition et ont appelé à un départ rapide du président Bachar al-Assad.
Avant la rencontre, George Sabra, vice-président de la coalition, avait indiqué à Xinhua que son organisation s'attendait à être pleinement reconnue par la communauté internationale à l'occasion de cette réunion.
"Nous souhaitons que les participants à la réunion soutiennent le droit des Syriens à se défendre et s'engagent à leur fournir de l'aide humanitaire", avait-il dit.
Quelques heures avant la rencontre, le président américain Barack Obama avait reconnu la coalition nouvellement formée comme représentante légitime du peuple syrien, ouvrant ainsi la voie à une aide accrue des Etats-Unis à la coalition.
"Nous avons décidé que la Coalition de l'opposition syrienne était désormais suffisamment ouverte aux diverses tendances et représentative de la population syrienne pour que nous la considérions comme la représentante légitime du peuple syrien opposé au régime d'Assad", avait déclaré M. Obama mardi lors d'une interview accordée à la chaîne ABC.
Les Etats-Unis emboîtaient ainsi le pas à plusieurs pays arabes et d'autres pays tels que la France et le Royaume-Uni, qui avaient rapidement reconnu la légitimité de la coalition après sa création à Doha.
De son côté en revanche, la Russie a critiqué la décision de Washington. Selon Moscou, les Etats-Unis "ont décidé de parier sur une victoire militaire de la coalition".
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré mardi que la décision des Etats-Unis allait à l'encontre du communiqué de Genève, qui préconise un dialogue intersyrien entre les représentants du gouvernement et de l'opposition.
Après la reconnaissance des Etats-Unis, l'agence de presse syrienne SANA a estimé que M. Obama faisait preuve d'"ingérence dans le droit du peuple syrien à déterminer son avenir et choisir ses représentants." Selon SANA, cette démarche américaine va entraver tous les efforts internationaux visant à résoudre la crise syrienne par le dialogue.
De son côté, Raaja al-Nasser, un des dirigeants de l'organe national de coordination de l'opposition, a averti que les groupes armés n'étaient pas unis et que la chute du gouvernement Assad ne mettrait pas un terme à la crise dans le pays si la violence continuait de s'intensifier.
Pendant que de nombreux acteurs de la communauté internationale réunis au Maroc se penchaient sur la situation syrienne, sur le terrain, une série d'attentats à la bombe meurtriers ont été perpétrés mercredi à Damas. Trois d'entre eux ont visé le ministère syrien de l'Intérieur, faisant au moins cinq victimes.
Sur le terrain, la poursuite des violences provoque une aggravation de la situation humanitaire.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a averti que le nombre de réfugiés syriens enregistrés dans les pays voisins, qui s'élève désormais à un demi-million, pourrait atteindre 700 000 personnes d'ici la fin de l'année.
A l'intérieur du pays, de nombreuses personnes déplacées ont besoin de manière urgente de fournitures pour l'hiver et d'un accès aux services de santé de base, a aussi signalé le HCR.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a en outre pointé une insécurité alimentaire croissante en Syrie. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a indiqué que les coupures d'électricité et les pénuries de carburant à travers le pays avaient eu des conséquences sur la capacité des habitants à faire la cuisine ou à se chauffer, ainsi que sur les télécommunications.
"L'avenir de la Syrie doit être décidé par le peuple syrien lui-même", a réaffirmé pour sa part le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei, lors d'une conférence de presse à Beijing. Un processus de transition politique mené par le peuple syrien doit être initié et encouragé au plus tôt, a-t-il ajouté.