Lakdhar Brahimi, le médiateur international pour la Syrie, a déclaré dimanche que de hauts diplomates américain et russe s'étaient accordés à dire qu'il était encore possible de rétablir la paix dans le pays en crise par des moyens politiques, tandis que Moscou démentait par ailleurs de quelconques pourparlers avec la Syrie sur l'avenir du président syrien Bachar al-Assad.
Lakdhar Brahimi, le représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, s'est entretenu dimanche à huis clos à Genève avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov et le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns pour discuter de la crise en Syrie.
La rencontre a été "constructive" et les deux diplomates sont tombés d'accord pour dire qu"un processus politique pour mettre fin à la crise en Syrie était nécessaire et encore possible", a indiqué M. Brahimi dans un communiqué.
La rencontre a permis d'"explorer les moyens de faire avancer un processus pacifique et de mobiliser davantage en vue d'une action internationale plus forte en faveur d'une solution politique à la crise syrienne", indique le communiqué.
"Ils ont également convenu qu'une solution politique serait basée sur les éléments clés du communiqué de Genève du 30 juin 2012 émanant du Groupe d'action pour la Syrie", a ajouté M. Brahimi.
De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, a dit espérer dimanche que les Etats-Unis et la Russie pourraient concilier leur position sur la Syrie afin de faciliter un règlement de la crise.
La Russie et les Etats-Unis ne s'accordent toujours pas sur la façon de mettre fin à la crise qui s'est déclenchée en mars 2011. Washington a déclaré que la Russie cherchait à protéger le gouvernement de M. Assad, tandis que Moscou a pour sa part accusé les Etats-Unis d'encourager les rebelles syriens à changer de régime.
A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie ne menait actuellement de négociations avec personne sur l'avenir du président syrien Bachar al-Assad.
La priorité est de mettre un terme à la crise, ce qui devrait forcer toutes les parties concernées à déposer les armes au lieu de parler sans fin de l'avenir de M. Assad, a indiqué M. Lavrov.
M. Lavrov a réitéré la position de Moscou sur la Syrie, tout en appelant à une réunion à Genève entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et les pays de la Ligue arabe.
Il a également appelé à la mise en oeuvre complète du communiqué de Genève, qui doit selon lui être considéré comme une base pour une solution politique à la crise, et il s'est plaint que certains partenaires occidentaux de la Russie se soient écartés des accords précédents.
Les acteurs étrangers devraient exercer leur influence sur les parties en conflit en Syrie, en les exhortant à cesser immédiatement les violences et à revenir à la table des négociations, a poursuivi M. Lavrov.
Moscou n'a pas changé d'avis et fera tout son possible pour que les violences en Syrie cessent le plus vite possible, a-t-il souligné.
Jeudi dernier, le chef de la diplomatie russe s'était entretenu avec son homologue américaine Hillary Clinton et le médiateur international Lakdhar Brahimi.
Mme Clinton avait déclaré que leurs discussions n'avaient débouché sur aucune "grande percée", mais qu'ils se réuniraient à nouveau prochainement.
Dimanche, le conflit syrien a été une nouvelle fois la source d'incidents au Liban, pays voisin de la Syrie.
Des affrontements entre partisans d'Assad et anti-Assad ont éclaté dans la ville de Tripoli, dans le Nord du Liban, lorsque les corps de trois Libanais tués en Syrie ont été rapatriés pour les funérailles, a rapporté l'agence nationale d'information libanaise NNA.
Les heurts de dimanche ont fait quatre mort et 12 blessés, selon l'agence. Le commandement des Forces armées libanaises a de son côté déclaré que deux soldats libanais avaient été blessés.
Le conflit civil en Syrie s'est propagé de façon sporadique aux pays voisins, comme la Turquie, le Liban et Israël.
En syrie, les affrontements entre les rebelles et les troupes gouvernementales se concentrent principalement dans les banlieues de Damas ainsi que dans la province d'Idlib et la ville d'Alep dans le nord du pays.
De leur côté, des médias israéliens ont rapporté dimanche que les forces spéciales israéliennes menaient des opérations en Syrie afin de surveiller les stocks d'armes chimiques et biologiques de ce pays.
Ces opérations transfrontalières font "partie d'une guerre secrète" qui vise à suivre les armes non conventionnelles de Damas et "saboter leur développement", pouvait-on lire sur le site d'informations en ligne israélien Ynet, qui citait le journal britannique Sunday Times.
Ces informations sont parues dans la presse sur fond d'inquiétudes croissantes dans les pays occidentaux, où certains redoutent qu'un président Assad "désespéré" ne soit tenté d'utiliser des armes chimiques contre les forces d'opposition qui gagnent du terrain à Damas.
"Depuis des années nous connaissions l'emplacement exact des armes chimiques et biologiques syriennes", a confié une source israélienne au Sunday Times, se référant aux données recueillies par les satellites espions et les avions de reconnaissance israéliens.
"Mais la semaine dernière nous avons eu des signes indiquant que les armes avaient été transférées vers de nouveaux sites", a ajouté la source.
Plusieurs pays occidentaux, emboîtant le pas aux Etats-Unis, ont lancé la semaine dernière des avertissements fermes à M. Assad en lui enjoignant de ne pas avoir recours aux armes non conventionnelles. Selon des experts étrangers, la Syrie possède divers agents chimiques, tels que le gaz moutarde et des gaz neurotoxiques comme le sarin et le VX.
La Syrie a réaffirmé jeudi qu'elle n'avait pas l'intention d'avoir recours à des armes de destruction massive pour mettre fin aux troubles, qui, jusqu'à présent, ont coûté la vie à 40 000 personnes.
Lors d'une interview télévisée sur la chaîne de télévision libanaise Al-Manar, le vice-ministre des Affaires étrangères syrien Faisal Mikdad a réaffirmé que son gouvernement "n'utiliserait jamais d'armes chimiques, même si il en avait, contre son propre peuple".