Le ministre burundais de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le politologue Julien Nimubona, estime que les pays des Grands Lacs font encore face à d'immenses défis pour pouvoir recouvrer une paix durable.
Il a fait cette remarque samedi à Bujumbura lors de la cérémonie de clôture d' un Colloque International sur le "Statebuilding dans la région des Grands lacs : une perspective du sud" organisé par la Chaire UNESCO de l'Université du Burundi, conjointement avec l'ONG belge Groupe de Recherche en Appui aux politiques de Paix (GRAPAX).
Cette rencontre a réuni pendant trois jours des experts en sciences politiques du Burundi, du Rwanda et de la RDC, tous membres de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL).
Selon M. Nimubona, les pays des Grands Lacs sont caractérisés par une démocratie "naissante et balbutiante" au plan politique et une pauvreté frôlant la misère au plan économique, alors qu'au plan social, la détérioration des moeurs et la destruction des repères moraux et la banalisation des crimes abominables "autrefois considérés comme des interdits, ont été érigés en quasi-modes de vie sociopolitique".
Le ministre Nimubona a saisi l' occasion pour saluer l' approche scientifique privilégiée par les universitaires de cette région longtemps confrontée à des conflits récurrents suite à des causes endogènes et/ou exogènes, en s' interrogeant sur l' efficacité des actions multiformes déjà menées pour consolider la paix dans les pays des Grands Lacs.
Pour lui, c' est "cet aspect scientifique d' aborder les conflits sociopolitiques qui éclatent épisodiquement dans les pays de la CEPGL qui a souvent manqué".
Pour le ministre Nimubona, le grand espace ayant été occupé par les sentiments, les passions, les préjugés et les calculs politiciens dans les débats sur l' assise de la stabilité dans cette partie africaine, aura pesé de tout son poids dans la fragilisation de la paix dans cette région.
En revanche, aux yeux du Pr belge Geoffroy Matagne, Maître de Conférences à l' Université de Liège et chercheur au GRAPAX, l' un des défis pour la reconstruction de la paix dans les Grands Lacs vue, est que suite au facteur de la géopolitique sous-régionale, "les facteurs de tensions ou les obstacles au processus de paix ne sont pas seulement nationaux".
Pour le Pr Matagne, des dynamiques régionales doivent être mis en oeuvre comme l' atteste actuellement la situation qui prévaut à l' Est de la RDC, où le groupe rebelle M23 a occupé toute une série de positions.
On voit bien que la solution à cette problématique n' est pas uniquement à Kinshasa, a-t-il souligné, mais qu' elle pourrait se dégager par les canaux des dynamiques transfrontalières.