La visite du président français François Hollande en Algérie, qui s'est achevée jeudi, est considérée comme une avancée en termes d'apaisement concernant le passé "douloureux" entre les deux pays, qui devrait permettre aux deux nations d'engager un partenariat économique équitable basé sur le principe gagnant-gagnant.
Commentant la visite du président Hollande, l'enseignant- chercheur à la faculté de sciences politiques de l'Université d'Alger III, Rachid Tlemçani, a déclaré dans une interview à Xinhua que "des avancées considérables ont été enregistrées avec la reconnaissance du président Hollande des souffrances infligées au peuple algérien pendant la période coloniale (1830-1962)".
Même son de cloche pour le ministre des Moudjahidines (Anciens combattants), Mohamed Chérif Abbès, qui est l'un des rares responsables du gouvernement algérien à exiger ouvertement de la France de reconnaître ses crimes coloniaux. D'après lui, le contenu du discours du président français "se rapproche, comme on s'y attendait, à la reconnaissance des crimes commis par les forces coloniales contre le peuple algérien (...) D'une façon générale, c'est un discours optimiste et une bonne déclaration".
Cependant, cet écho positif n'arrive pas à satisfaire aux aspirations de tout le monde. Certains partis politiques exigent de Paris une reconnaissance de tous les crimes liés à son époque coloniale.
Naamoune Laouer, un député de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) a déclaré que "Hollande n'a révélé qu'une partie de la vérité sur une longue présence coloniale. Ce faisant, il a semé de la confusion autour du bourreau et de la victime".
Pour M. Tlemçani, même si des avancées considérables ont été enregistrées, "les archives contenant des faits et dires concernant la guerre d'Algérie ne sont pas encore ouvertes aux chercheurs".
Sur un autre registre, M. Hollande a réussi par sa visite à renforcer la coopération économique avec ce pays d'Afrique du Nord, avec la signature d'une dizaine d'accords dans tous les domaines, dont la moitié est liée aux secteurs de l'industrie automobile, de l'industrie pharmaceutique et de l'industrie l'agro-alimentaire.
Rachid Tlemçani a révélé que sur le plan économique, "le nombre d'accords de coopération signés entre Alger et Paris rentre dans le cadre de la politique d'industrialisation dans lequel le gouvernement algérien veut s'inscrire".
Parmi les accords figure entre autre celui signé avec le groupe Renault pour la construction près d'Oran (à 480 km à l'ouest d'Alger) d'une usine de montage susceptible de produire au moins 25 000 véhicules par an à l'horizon 2014.
Abordant cette usine, M. Tlemçani a estimé qu'elle "témoigne de la jalousie de l'Algérie qui veut à tout prix une usine automobile sur son sol, pour rivaliser avec le voisin marocain", tout en remettant en cause la volume de production de l'usine, qui devrait, selon lui, atteindre 300 000 unités par an pour obtenir la rentabilité.