Le projet de réforme de la Caisse de compensation qui sera dévoilé très prochainement par le ministre marocain des Affaires générales et de la Gouvernance, M. Mohamed Najib Boulif, a provoqué un large débat au sein de l'Hémicycle et entre les composantes de la majorité et de l'opposition, dont certaines se sont désengagées de ce projet, en prétextant qu'il vise à instrumentaliser le soutien direct des couches pauvres à des fins politiciennes et électoralistes par le parti qui conduit le gouvernement.
Ainsi, le bureau politique du RNI (Rassemblement national des indépendants-opposition) a critiqué, dans un communiqué rendu public jeudi, l'exploitation à des fins politiciennes par le Parti de la Justice et du développement (PJD) des aides directes promises par le gouvernement dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation.
Selon M. Boulif, le projet de réforme de la caisse de compensation est fin prêt et sera décliné progressivement à partir du début de l'année prochaine.
Le ministre marocain a estimé que la charge globale de compensation au titre de l'année 2012 pourrait facilement atteindre 53 milliards de dirhams (MMDH). A noter que les subventions ont représenté, en 2011, 6% du PIB marocain. D'après le ministère marocain de l'Economie et des Finances, les charges de la compensation ont augmenté, à fin novembre 2012, de 37,4 % (50,5 MMDH contre 36,8 MMDH).
Des sources partisanes soulignent que les dépenses de la Caisse atteignent de nouveaux records puisqu'elles sont estimées à 68 MMDH, outre les 11 MMDH d'arriérés au titre de l'exercice 2011.
Pour remédier à cette situation, le Maroc prévoit de stabiliser en 2013 le niveau des dépenses publiques consacrées aux subventions pour les denrées de base. Ainsi, le budget consacré aux subventions va s'établir en 2013 à 45,9 milliards DH (MMDH) contre 46,5 MMDH en 2012.
Dans le rapport accompagnant le projet de loi de Finances 2013, il est indiqué que les dépenses de la compensation continueront de peser lourdement sur le budget de l'Etat, pour la période 2013-2016.
Et si aucune mesure n'est prise, la charge prévisionnelle de compensation pourrait atteindre plus de 200 milliards de DH contre près de 123 milliards au titre de la période 2009-2011.
De même, la charge prévisionnelle de compensation au titre de l'année 2013 fluctuerait entre 45,9 et 49,3 milliards de DH. Mais la facture pourra bien grimper puisque cela dépendra des prix que vont atteindre les matières subventionnées.
La loi de finances prévoit donc deux scénarios afin de pouvoir résister à la volatilité des prix. Le premier repose sur un cours du pétrole brut à 105 dollars le baril, celui du gaz butane à 840 dollars/la tonne et un coût de sucre brut et de blé tendre situés respectivement autour de 500 et 300 dollars la tonne.
Le deuxième scénario prévoit, quant à lui, une hausse conséquente du cours de Baril qui pourra atteindre 110 dollars et une augmentation de la valeur du gaz butane pour atteindre 880 dollars.
Mais dans le cas des deux scénarios, le budget global de la compensation frôlera les 50 milliards de dirhams. Un montant très lourd à assumer par l'Etat et qui risque d'être revu à la hausse.
D'ailleurs, le ministre marocain de l'Economie et des Finances a reconnu la réalité de la crise, en déclarant que les recettes de l'Etat ne couvrent que la masse salariale, la Caisse de Compensation et le service de la dette, estimant que tous les investissements doivent être financés par endettement, ce qui rend réel le risque de dérapage.