La justice ivoirienne se déterminée à mener la guerre aux mutilations génitales féminines qui ont cours dans le pays en dépit des campagnes de sensibilisations corsées.
De source proche des autorités judiciaires, neuf femmes viennent d'être condamnées à Katiola (nord) à un an de prison pour l'excision d'une trentaine de fillettes, à l'issue du premier procès d'exciseuses dans le pays.
Ces femmes, âgées de 46 à 91 ans, ont été reconnues coupables de "mutilation génitale féminine" pour quatre d'entre elles, et de "complicité" pour les autres, pour l'excision d'une trentaine de fillettes lors d'une cérémonie rituelle.
Elles ont toutes été condamnées à un an de prison et 50.000 F CFA (75 euros) d'amende.
Le mois dernier, quatre personnes, à savoir deux dames et deux hommes, avaient été condamnées par le tribunal de Danané (ouest) à six mois de prison ferme avec une amende de 30.000 F CFA (45 euros) pour avoir fait exciser une fillette par une exciseuse venue d'un pays voisin.
Plusieurs organisations dont l'Opération des Nations-Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et l'association des femmes juristes de Côte d'Ivoire (AFJCI) se sont réjouies de ces condamnations qui, selon elles, vont permettre de réduire le phénomène.
"Par le passé, il y a eu des arrestations de femmes exciseuses, mais ces cas se limitaient au commissariat avec règlement à l'amiable, sans aboutir à des jugements et condamnations, suite aux interventions de parents et des communautés locales", a fait remarquer Amélie Konan, une juriste.
La pratique de l'excision perdure en Côte d'Ivoire, où elle touche environ 36% des femmes selon une enquête nationale de 2006 et 42% selon l'étude d'une ONG.
Elle est particulièrement courante au sein de certaines communautés dans le nord et l'ouest du pays (70%) dont certains membres évoquent la pérennisation d'une pratique rituelle ancestrale.
Une fillette de trois ans est morte fin 2011 des suites de ses blessures liées à cette "pratique néfaste" à Dabakala (nord).