Le président égyptien Mohamed Morsi doit prendre part à un sommet des BRICS mardi, ce qui alimente les espoirs selon lesquels il chercherait l'adhésion de l'Egypte à l'alliance des économies émergentes. En cas de succès, cela contribuerait à sauver l'économie stagnante du pays après deux ans de troubles politiques.
La participation de M. Morsi au cinquième sommet des BRICS, qui regroupent le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, est considérée par de nombreux économistes comme une "occasion en or" pour l'Egypte de renforcer ses relations avec les économies émergentes, et, avec un peu de chance, faire revenir les investissements étrangers et relancer ses partenariats économiques qui ont été mis entre parenthèses en raison des troubles et de l'instabilité liés à la crise actuelle en Egypte.
"Assister à un sommet qui rassemble les économies émergentes comme le Brésil, l'Inde et bien sûr, le poids lourd qu'est la Chine, donnera une chance à l'Egypte de renforcer les relations économiques bilatérales qui pourraient déboucher sur des accords économiques", a indiqué à l'agence Xinhua Ehab al-Desouki, chef du Centre de recherches économiques de l'Académie de Sadat au Caire, capitale égyptienne.
M. Desouki s'attend à ce que l'Egypte cherche à adhérer aux BRICS, ce qui constituerait une "tentative importante, même en cas d'échec".
Selon M. Desouki, M. Morsi pourrait inviter les président chinois et indien à effectuer des visites officielles en Egypte dans un avenir proche, ce qui pourrait déboucher sur des partenariats et des projets conjoints. "Un pays comme la Chine cherche à aider l'Egypte, mais en attendant le bon moment pour lancer des projets géants en Egypte, une fois le pays redevenu stable", analyse-t-il.
Mohamed Abdel-Aziz Hegazy, professeur en finances à l'Université américaine au Caire, a indiqué à Xinhua que "c'est une bonne occasion pour le président (Morsi) de rassurer les membres des BRICS sur la situation en Egypte et faire revenir les investisseurs".
Certains observateurs économiques, dont M. Hegazy, estiment que les membres des BRICS représentent des modèles dont l'Egypte pourrait s'inspirer, ayant eux-mêmes fait face à des problèmes économiques similaires à ceux de l'Egypte.
M. Hegazy s'est déclaré optimiste au sujet de l'intention de l'Egypte d'adhérer au groupe des BRICS. "Je m'attends à ce que la demande soit acceptée, l'Egypte offrant un environnement prometteur pour la mis en place de nombreux projets, particulièrement ceux liés au tourisme, au Canal de Suez et à la production de gaz", a-t-il expliqué à Xinhua.
M. Morsi doit s'entretenir séparément avec les divers leaders politiques participant au sommet des BRICS sur la coopération économique bilatérale en Afrique du Sud, a indiqué l'agence de presse sud-africaine MENA.
Toutefois, certains analystes ne considèrent pas l'Egypte comme étant prête à s'engager sur le moindre accord économique majeur.
"Ce n'est pas une bonne décision pour M. Morsi d'assister à un sommet rassemblant les économies importantes avant d'avoir restauré la stabilité politique sur son territoire, une étape préalable indispensable pour aboutir à des partenariats économiques", a indiqué à Xinhua Farag Abdel-Fattah, professeur en économie à l'Université du Caire.
Selon le professeur, l'Egypte serait incapable de procurer des garanties adéquates pour tout accord économique futur avec les pays des BRICS, en raison des "graves problèmes politiques et économiques actuels".
M. Abdel-Fattah a également minimisé l'importance pour l'Egypte de devenir membre des BRICS dans le contexte actuel. "L'Egypte est déjà membre de nombreuses alliances commerciales importantes dont elle n'a pas pu tirer profit à cause de son instabilité politique", a indiqué le professeur.
Après deux ans de crise politique, l'Egypte est confrontée à un déficit budgétaire inquiétant et à un niveau trop bas de réserves de devises étrangères. Le pays s'efforce toujours d'obtenir un prêt de 4,8 milliards de dollars du Fonds monétaires international et de nouer des partenariats avec des puissances économiques afin de surmonter la crise actuelle.