Onze jours après la proclamation des résultats définitifs des législatives à Djibouti, les réseaux sociaux, Tweeter, Facebook ou encore Youtube, prolongent lés débats sur les élections législatives djiboutiennes du 22 février dernier, remportées selon le Conseil Constitutionnel par l' alliance au pouvoir et dont l' opposition conteste vigoureusement les résultats.
Ce scrutin a été le premier rendez-vous électoral de ce petit pays de la Corne d' Afrique à l' ère d'internet et plus particulièrement des réseaux sociaux. Et pour beaucoup, les Djiboutiens, la diaspora et même "les amis de Djibouti" éparpillés aux quatre coins du monde, ont usé de ces nouveaux outils de communication avec un certain goût qui a surpris plus d' un.
"Outre l' introduction d' une dose de proportionnelle de 20%, l' internet et les réseaux sociaux ont été la grande nouveauté de ces élections. Ils ont complètement changé la portée de ce scrutin. Avec les réseaux sociaux, pour la première fois, la campagne électorale djiboutienne et les déroulements des élections ont été suivis partout presque en live surtout à travers Twitter et Facebook, où les tweets et autres clichés dérobés ont été publiés instantanément et commenté largement. C' est tout simplement un pas de géant pour la démocratie djiboutienne", a indiqué à Xinhua, Ali Aboubaker, ingénieur djiboutien en informatique.
Pour Fatouma Gaba, blogueuse et militante djiboutienne de la cause féminine, les réseaux sociaux ont permis deux choses significatives : avoir des points de vue différents sur le scrutin et une prise de parole populaire.
"Djibouti est l' un des rares pays au monde à n' avoir qu' une seule chaîne de télévision, qu' une seule radio et qu' un seul journal écrit en trois langues. Aujourd' hui, avec l' arrivée de l' internet et des réseaux sociaux, l' information n' est plus un monopole détenu par un quelconque parti, mais plutôt un pouvoir à la portée de tout le monde. Ces outils de la communication moderne ont permis également à tout le monde, Djiboutiens et autres, et peut importe leur lieu de résidence de s' exprimer librement sur ces élections", a-t-elle expliqué.
Selon un professeur de l' Université de Djibouti qui a voulu garder l' anonymat, l' engouement des Djiboutiens pour les réseaux sociaux n' est pas "né de la côte" du scrutin de 22 février.
"C' est plutôt un désir ardent de liberté d' expression et de recherche de Vérité. La preuve, la meilleure source d' informations en temps réel de l' actualité djiboutienne est depuis ces deux dernières années, "Djibouti24", qui n' est autre qu' un site internet indépendant", a-t-il rappelé.
Cependant beaucoup des Djiboutiens voient d' un mauvais d' oeil l' utilisation "abusive" des réseaux sociaux par l' opposition qu' ils accusent de "désinformation et dénigrement".
C' est le cas de l' administrateur du célèbre site de la culture djiboutienne "wakaaa.com". Fraichement élu au parlement djiboutien, Mohamed Youssouf Goumaneh dénonce "une utilisation politicienne" des réseaux sociaux par l' opposition qui brille selon lui "par une campagne haineuse de désinformation, à l'instar de certains médias et autres ong étrangères".
En effet, suite à la publication d' information faisant état de morts d' opposants et de blessés lors des manifestations postélectorale sur le site de la Fédération Internationale des Droits de l' Homme (FIDH), le gouvernement et une bonne partie de l' opinion publique djiboutienne avaient fustigé l' ONG sur "ces allégations fallacieuses", le 5 mars dernier.
Aujourd' hui, le boycott des députés de l' opposition qui ont refusé de siéger lors de la première séance du nouveau parlement le 19 mars derniers, et la condamnation du porte-parole de la coalition de l' opposition, Daher Ahmed Farah, et des trois dignitaires religieux enflamment de nouveau les réseaux sociaux.
"Radio Mille Collines" pour certains, véritable révolution pour d' autres, les réseaux sociaux ont redistribué autrement les cartes de l' information dans ce petit pays indépendant seulement depuis 1977.
Ils font désormais rêver toute une génération qui aspire aux changements et s' avèrent être chaque jour un peu plus le terrain privilégié des premiers pas de la jeune démocratie djoutienne.
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