Le député Mahamat Saleh Maki et le général Weiding Assing Assoué, mis aux arrêts depuis mercredi à la suite de la "tentative de déstabilisation du pays" selon le gouvernement tchadien, doivent être purement et simplement libérés pour vices de procédure, ont déclaré leurs avocats vendredi à la presse.
Selon ses avocats, le député Saleh Maki, président du Parti pour l'unité et la reconstruction (PUR, opposition) a été arrêté le 1er mai, jour de la tentative de déstabilisation, à son domicile à 22h20 par des agents de l'ordre et conduit à la Police judiciaire.
Le général We?ding Assing Assoué, officier supérieur ayant assumé de hautes responsabilités (ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major des armées et gouverneur), a été, lui, appréhendé le 2 mai 2013 à 03h00 du matin, dans son jardin situé a une quarantaine de km à la sortie Sud de N'Djaména, la capitale du Tchad.
Les arrestations du député Saleh Maki, malade et sous soins médicaux, et du général Weiding Assing Assoué, ont été faites en violation du Code de procédure pénale et de la Constitution, selon leurs conseils.
"Aucun mandat d'arrêt n'a été présenté", rassure Me Abakar Hassan qui dirige le collectif, citant le Code de procédure pénale dont l'article 68 précise, par ailleurs qu'aucune arrestation ne peut être opérée au domicile d'un citoyen avant cinq heures et après dix neuf heures.
"En sa qualité d'élu du peuple, Monsieur Saleh Maki jouit de l'immunité parlementaire. L'article 111 alinéa 3 de la Constitution de la République du Tchad dispose: "aucun député ne peut, pendant la durée de session, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle qu'avec l'autorisation du bureau de l'Assemblée, sauf cas de flagrant délit". Cette disposition est reconduite à l'article 83 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Cette arrestation, opérée dans ces circonstances, est entachée d'un vice de forme flagrant", ajoute Me Delphine Djira?bé.
Les avocats des deux personnalités dénoncent également le refus catégorique qui leur est opposé de rencontrer leurs clients afin d'organiser leur défense et de rassurer leurs familles.
L'épouse du député Saleh Maki qui s'est présentée à deux reprises à la Police Judiciaire avec des médicaments et un repas pour son époux malade, n'a pas pu le voir.
Selon le ministre tchadien de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Hassan Sylla Bakary, les arrestations du député Saleh Maki et du général Weiding Assing Assoué, ainsi que celles du député Mahamat Malloum Kadre (un élu du parti au pouvoir) et du général David Ngomine Béadmadji (directeur de la Justice militaire) , seraient toutes liées à une tentative de déstabilisation des institutions, orchestré par un groupuscule d'individus mais avorté dans la journée du 1er mai 2013.
D'autres personnalités ont été interpellées dans la journée de vendredi, notamment le colonel Ngaro Ahmadou Ahidjo (gouverneur de la région du Salamat) et Dr Khalil Alio (vice-président de l'Université de N'Djaména).