Le directeur du quotidien algérien "Mon Journal" et son pendant arabophone "Djaridati", Hichem Aboud, a été poursuivi en justice pour les "propos tendancieux (et) infondés" qu' il a tenus dimanche sur la chaine de télévision française France 24, en évoquant que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, se trouve dans un état comateux.
"Suite aux propos tendancieux tenus sur certaines chaînes d' information étrangères, dont France 24, par le dénommé Aboud Hichem, sur l' état de santé du président de la République (...) allant jusqu' à déclarer que le chef de l' Etat serait dans un état comateux, et compte tenu de l' impact négatif direct de ces rumeurs sur l' opinion publique nationale et internationale et eu égard au caractère pénal de ces propos infondés, le parquet général près la cour d' Alger a ordonné des poursuites judiciaires (...) pour atteinte à la sécurité de l' Etat, à l' unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions", indique un communiqué de presse du parquet général près la cour d' Alger, cité par l'agence APS.
Les déclarations du responsable du journal sur des médias étrangers interviennent au lendemain de "l'interdiction de parution" de l' édition de dimanche dont ont été frappées ces deux publications qui traitaient dans un dossier de deux pages de l' état de santé du président.
"Selon mes sources", dit M. Aboud, "le président (...) n' est ni à Genève en Suisse, ni au Val-de-Grâce à Paris. Il est en Algérie. Il est rentré le mercredi (le 15 mai) à l' aube après avoir quitté Paris à trois heures du matin". Et de poursuivre, "Il y a une aggravation, une détérioration de son état de santé, (...) au Val-de-Grâce, on ne pouvait plus rien faire pour lui. On nous dit qu' il est dans un état de coma profond, un coma qui peut se prolonger plusieurs jours voire plusieurs semaines. Voilà ce qui est dans le contenu des deux pages".
Mais selon le ministère de la Communication, c' est M. Aboud qui a initialement accepté de renoncer à leur impression après les observations qui lui ont été faites sur le non-respect de l' article 92 de la loi organique relative à l' information qui stipule que le journaliste doit respecter "les attributs et les symboles de l' Etat".
Fin avril, le chef de l' Etat algérien a été victime d' une attaque ischémique transitoire (AIT) suite à laquelle il a été évacué à l' hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce.
Depuis, de hauts responsables, dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal, n' ont cessé de rassurer sur son état de santé. Des assurances dont doutent certains milieux politico-médiatiques qui estiment que les autorités du pays cachent des vérités sur la santé du président.
La santé du chef de l' Etat revêt un caractère politique d'autant plus important que l' Algérie s' apprête à organiser dans une année des élections présidentielles.
Hicham Aboud, ancien officier de l' armée algérienne, devenu opposant au régime, s' est exilé en France pendant les années de la guerre civile (Décennie Noire dans les années 90) où il a écrit un livre intitulé "La Mafia des Généraux", accusant l' armée algérienne d' être derrière les massacres commis par les groupes islamistes armés durant la guerre civile.