Un message s'est répandu comme une traînée de poudre sur les médias sociaux, propageant des allégations selon lesquelles la femme secourable de cet incident n' était autre que la célèbre terroriste Samantha Lewthwaite s' échappant ainsi du lieu du drame en se faisant passer pour une bonne samaritaine après avoir dirigé le massacre.
Une photo, prise sur les lieux de l'attaque de Westgate lors des premières phases du siège, montre un policier armé en civil et une femme qui aident une femme blessée.
Le visage de la femme, voilée, est encerclé en rouge et une flèche le relie à celui de Samantha, invitant à la comparaison, avec comme légende "s'agirait-il de Samantha Lewthwaite en train de s'échapper après avoir dirigé ce massacre ?".
Au cours de la tragédie de Westgate, les témoins ont évoqué " une femme" qui dirigeait les opérations terroristes, cependant les responsables kenyans ont invité à la prudence concernant l' implication éventuelle d'étrangers.
Mme Lewthwaite, surnommée "la Veuve blanche", est la veuve de Jermaine Lindsay, l'un des kamikazes du 7 juillet 2005 qui a coordonné une série d'attentats suicide à Londre, prenant pour cible des usagers civils des réseaux de transport public pendant l' heure de pointe matinale.
Cette femme de 29 ans, en cavale depuis 2005, est recherchée au Kenya pour avoir planifié des attentats terroristes, et des spéculations croissantes évoquent sa possible implication dans l' attaque du centre commercial, suite aux indications de survivants évoquant une femme blanche voilée parmi les preneurs d'otages.
En décembre 2011, la police kenyane a retrouvé des produits chimiques similaires à ceux utilisés dans les attentats de Londres lors d'une descente dans un deux-pièces de la ville côtière de Mombasa, où elle vivait avec ses quatre enfants. Toutefois, elle n' a pas été capturée.
Son complice, également britannique, Germaine Grant, doit être jugé mardi au Kenya et des agents de Scotland Yard pourraient témoigner à charge lors de ce procès.
Intervenant de manière préventive pour éviter les diffamations, la sauveteuse en question, Heena Arani, est apparue mardi à la télévision nationale, démentant énergiquement être la "criminelle Lewthwaite".
Elle a raconté qu'elle faisait simplement ses courses au centre commercial avec ses enfants, et qu'en s'échappant elle avait vu la femme blessée et s'était enfuie en l'emportant vers la route avant de trouver assistance auprès de la police.
"J'ai été l'une des dernières personnes à sortir. Alors que je sortais, j'ai regardé à gauche et vu cette femme blessée et pleine de sang, choquée et grièvement blessée.
"Tout le monde s'enfuyait et il n'y avait personne pour l'aider. Alors je l'ai attrapée et je lui ai dit 'viens avec moi'. Et nous avons couru jusqu'à la route", a-t-elle affirmé.
Toute cette épreuve était un cauchemar, mais elle est contente d'avoir fait ce qu'elle pouvait pour aider quelqu'un, a-t-elle déclaré, ajoutant être triste aussi que son histoire ait été déformée en une histoire fausse.
Moïse Maloba, un spécialiste des médias, est d'avis que les gens se tournaient vers l'Internet à la recherche des réponses ou des informations en cas de crise.
"Ils avaient besoin de savoir ce qui se passe minute par minute et ils se sont tournés vers les médias sociaux qui sont vérifiables".
Pour lui, les médias sociaux sont devenus une force par laquelle l'histoire Westgate a été racontée.
"Twitter est vivant avec des rapports initiaux; pages de base Facebook ont surgi, en recueillant des milliers de goûts et en facilitant l'échange des messages concernés et les organismes de bienfaisance ont entrepris une campagne en ligne pour collecter des fonds et trouver des volontaires", a-t-il fait remarquer.
Cyrus Ndunge, directeur de Creative Eye Communications, a indiqué que les catastrophes ont toujours conduit à la convergence des personnes, des informations et des ressources.
"La principale différence entre le comportement physique et en ligne est la rapidité avec laquelle les personnes et les informations sont maintenant ensemble et la distance à partir de laquelle ils peuvent participer. Les gens cherchent des informations aussi rapidement que possible afin qu'ils puissent obtenir une poignée sur ce qui se passe".
Il dit que si l'information officielle est lent, les gens vont créer leur propre information pour combler le vide. "Ces rumeurs causent beaucoup de problèmes et sont très troublantes pour les familles et amis. L'affaire de Heena Arani est celui dont la répétition doit être évitée à tout prix", a-t-il décalré.