La tenue des élections dont la présidentielle et les législatives qui se tiendra vendredi prochain à Madagascar, présente des enjeux multiples.
Selon le chef de mission par intérim de l'Union africaine (UA) et vice-président de la Commission électorale du Mali, Issaga Kaompo, dans la déclaration pré-électorale de cet organisme, « cette élection marquera une étape importante dans l'histoire politique de Madagascar, en ceci qu'elle mettra fin à la transition politique, restituera l'autorité de l'Etat et renforcera la légitimité des institutions nationales ».
D'après le spécialiste de droit constitutionnel, le professeur Jean Eric Rakotoarisoa, qui a tenu à expliquer les enjeux de ces élections, « l'organisation des élections notamment le premier tour de la présidentielle, le deuxième tour ainsi que les législatives, entre dans le cadre du processus de sortie de crise, ce qui fait qu'on n'est pas dans une élection normale mais il s'agit d'un moyen de sortir de la crise politique dans laquelle Madagascar s'est engouffrée depuis presque 5 ans ».
Le premier enjeu est ainsi le retour à l'ordre constitutionnel après la prise de pouvoir anticonstitutionnel en 2009, a-t-il mentionné. « Il s'agit de restaurer l'autorité de l'Etat, restaurer la confiance des Malgaches à l'endroit de l'Etat Malgache, ainsi que de faire face au grand défi comme l'apaisement politique, la sécurité, le redressement économique et social pour éviter une explosion sociale après la crise», a-t-il précisé.
Il s'agit également de mettre en place des dirigeants qui désormais ont le pouvoir de décider pour le long terme, a continué le professeur. Si l'attention est focalisée sur les élections présidentielles, les élections législatives sont également importantes puisqu'elles vont permettre de connaître les forces réelles des différents partis politiques malgaches, ce qui permettra également d'engager des négociations avec des organisations réellement représentatives, a-t-il avancé.
Dans la logique des choses, le retour à l'ordre constitutionnel va permettre ainsi à Madagascar de reprendre les coopérations internationales aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral, de permettre sa réintégration dans les organisations internationales et organisations régionales auxquelles elle a été suspendue et permet à Madagascar de jouer son rôle sur le plan international que régional.
En ce qui concerne le plan économique, le professeur Jean Eric Rakotoarisoa a expliqué que la tenue des élections va restaurer la confiance des investisseurs nationaux et internationaux afin de permettre dans le meilleur délai de redresser l'économie nationale. « Les enjeux sont multiples et il appartient aux acteurs politiques et au peuple malgache de relever ces défi s», a-t-il conclu.
Rappelons que Madagascar est en crise depuis le mois de décembre 2008 suite à une opposition entre Andry Rajoelina et l'ancien président Marc Ravalomanana. En mars 2009, après les manifestations populaires menées par Rajoelina, Ravalomanana a démissionné laissant le pouvoir à un directoire militaire. Ce dernier l'a transféré à Rajoelina amenant à l'exil en Afrique du sud, Ravalomanana.
Depuis, la communauté internationale a sanctionné Madagascar par la suspension des aides étrangères et du financement des projets de développement, à cause du changement anticonstitutionnelle de régime. Une feuille de sortie de crise a été signée le 17 septembre 2011 pour mettre fin à cette crise. Elle préconise l'installation de toutes les institutions de la transition afin d'organiser les différentes élections.
33 personnalités se sont portés candidats à l'élection présidentielle malgache prévue se tenir le 25 octobre prochain pour le premier tour et le 20 décembre pour le deuxième tour. La Commission Electorale Nationale Indépendante pour la transition ( CENIT) a enregistré 7 823 305 électeurs pour 20001 bureaux de vote et l'entité prévoit de publier les résultats provisoires 10 jours après l'élection. En tout près de 5000 observateurs nationaux et 800 observateurs internationaux surveilleront les élections malgaches.