Avec une croissance de 5% en 2013 et de 6,2% en 2014, l'activité économique en Afrique subsaharienne devrait demeurer dynamique, selon le dernier rapport récemment publié par le Fonds monétaire international (FMI). La mission pour les économies africaines maintenant est de trouver leurs voies de développement respectives.
EXPLOITS ET DEFIS
Aux yeux de certains, l'Afrique est liée à la pauvreté, à la maladie et à la famine, mais tout cela n'est que clichés. Avec une croissance moyenne de 5% ces dernières années, l'Afrique constitue aujourd'hui l'une des zones les plus dynamiques du monde, surtout au moment où le reste du monde se trouve toujours sous l'ombre de la crise économique mondiale.
L'Afrique subsaharienne a connu une forte croissance au cours des 20 dernières années avec un taux de croissance relativement élevé. En fait, parmi les dix premières économies du monde avec une plus grande croissance économique, six sont africaines, selon le prestigieux hebdomadaire britannique The Economist.
Cela constitue, sans aucun doute, une réalisation spectaculaire pour un continent qui, durant des décennies, était en proie à des agitations politiques et des catastrophes naturelles.
A l'heure actuelle, le sous-développement des infrastructures dans divers domaines tels que l'énergie, la commmunication et le transport, ainsi qu'une instabilité politique et un système juridique déficient dans certains pays, constituent des défis pouvant atténuer ou ralentir la croissance, a indiqué à Xinhua l'ancien envoyé spécial de la Chine pour les affaires d'Afrique, Liu Guijin.
Toutefois, le plus grand défi pour la plupart des pays africains consiste plutôt à traduire cette croissance en bien-être et en amélioration du niveau de vie de leurs peuples, a souligné pour sa part la directrice du Département Afrique du FMI, Antoinette Sayeh.
De nombreux pays ont fait des progrès à cet égard, mais "le taux de pauvreté pourrait être réduit plus rapidement", et "l'inégalité de la croissance pourrait être évitée par des politiques macro-économiques et structurelles", a indiqué Mme Sayeh.
RESILIENCE A LA CRISE MONDIALE
Au niveau continental, l'Afrique a fait preuve d'une résilience extraordinaire face à la crise économique mondiale, et cela s'explique en partie par un niveau d'intégration relativement bas dans l'économie mondiale et le marché financier international, a indiqué M. Liu.
Mais le continent n'est pas totalement à l'abri de ces effets, certains pays sont plus vulnérables face à cette crise, en particulier les pays à revenu intermédiaire tels que l'Afrique du Sud, dont la croissance a connu un ralentissement considérable.
Une autre raison pour cette "immunité" consiste en la diversification des partenaires commerciaux vers les marchés émergents, selon Mme Sayeh, qui a cité la Chine, "qui devient le plus important partenaire commercial pour l'Afrique subsaharienne, et [...] constitue un grand marché pour les exportations de l'Afrique".
De nombreux pays d'Afrique subsaharienne profitant des exportations de matières premières, une éventuelle diminution dans les marchés émergents et les fluctuations des prix des matières premières pourraient affecter un certain nombre de pays d'Afrique de façon significative, selon l'ancien envoyé spécial de la Chine pour les affaires d'Afrique.
"Nous ne voulons pas donner l'impression que l'Afrique reste à l'abri de l'évolution mondiale, bien au contraire, elle est influencée de plus en plus par ce qui se passe sur le marché émergent et le marché mondial dans son ensemble", a indiqué pour sa part Mme Sayeh.
Ainsi, les pays africains doivent saisir l'opportunité pour poursuivre la construction de leur "politique tampon" qu'ils ont utilisée face à la dernière crise mondiale, dans l'objectif d'atténuer l'impact d'éventuelles agitations de l'économie mondiale.
EN VUE D'UN MEILLEUR MODELE DE DEVELOPPEMENT
Ces dernières décennies, l'Afrique a fait preuve d'un potentiel impressionnant qui transcende le domaine des ressources naturelles, l'atout traditionnel du continent, particulièrement en Afrique subsaharienne.
En fait, les économies africaines comportent une classe à revenu moyen en croissance apte à se procurer des biens de consommation, ce qui crée une expansion du marché, et elles bénéficient d'un important dividende démographique, qui a le pouvoir de contribuer grandement à la croissance si géré adéquatement, a estimé M. Liu.
Par ailleurs, l'Afrique subsaharienne a le potentiel d'acquérir une certaine diversité économique, et à mesure que les économies émergentes plus avancées deviendront moins compétitives en matière de main-d'oeuvre, l'Afrique subsaharienne pourra assurément fournir des services à faible coût, dont la production et d'autres secteurs de transformation, favorisant la diversité de son économie.
Cependant, lorsqu'il est question de transformation structurelle, l'Afrique ne doit pas nécessairement suivre le modèle observé, par exemple, en Asie, où un déplacement important de main-d'oeuvre s'est effectué de la production agricole vers le secteur manufacturier.
Dans le cas de l'Afrique, il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la production agricole. On peut imaginer une Afrique subsaharienne qui s'épanouira en devenant plus compétitive dans le secteur des services.
"Il y a plusieurs voies possibles pour chaque pays d'Afrique, mais il faut apprendre de l'expérience des autres pays, notamment la Chine, qui a subi une transformation structurelle majeure et qui est devenue un acteur mondial majeur", a rappelé Mme Sayeh.
Selon elle, la Chine, actuellement le plus important partenaire de l'Afrique subsaharienne, doit jouer un rôle important en termes de demandes d'exportations subsahariennes. Beijing a également élargi de façon significative ses investissements en Afrique, ainsi que son assistance économique.
Par ailleurs, la Chine est un pays en développement qui a fait d'énormes progrès dans la réduction de la pauvreté et dans le développement de son économie au cours des années et les pays africains peuvent apprendre de l'expérience de la Chine", a-t-elle ajouté.