Le Maroc n'est plus seulement un pays de transit, mais bel et bien un pays de résidence pour des migrants venus d'autres horizons. C'est pourquoi le ministre marocain chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration, Anis Birou, a annoncé lundi qu'une opération exceptionnelle de régularisation des étrangers en situation irrégulière au Maroc aurait lieu du 1er janvier au 31 décembre 2014.
Selon des estimations, entre 25.000 à 40.000 clandestins, pour la plupart d'origine subsaharienne, présents sur le sol marocain y sont concernés. A cet effet, des "bureaux des étrangers" dotés de moyens humains et matériels adéquats seront créés au niveau de chaque préfecture et province du Maroc pour recevoir et valider les demandes de régularisation, a indiqué le ministère Chargé des Marocains Résidant à l'étranger et des Affaires de la Migration, lors d'une conférence de presse à Salé (ville jumelle de Rabat).
Une commission nationale de recours sera également instituée avec la participation du Conseil marocain des Droits de l'Homme (CNDH), a ajouté le ministère, notant que l'opération exceptionnelle de régularisation concernera six catégories d'étrangers. Il s'agit, précise le ministère, des étrangers conjoints de ressortissants marocains justifiant d'au moins 2 ans de vie commune, des étrangers conjoints d'autres étrangers en résidence régulière au Maroc et justifiant d'au moins 4 ans de vie commune, des enfants issus des deux cas susvisés, des étrangers disposant de contrats de travail effectifs d'au moins 2 ans, des étrangers justifiant de 5 ans de résidence continue au Maroc, et des étrangers atteints de maladies graves et se trouvant sur le territoire national avant le 31 décembre 2013.
Par ailleurs, il sera procédé également à la régularisation des demandeurs d'asile reconnus par la représentation du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Maroc et le bureau des réfugiés et des apatrides relevant du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération.
Le ministre marocain de l'Intérieur, Mohamed Hassad, a précisé que les conditions d'éligibilité à la régularisation demeure plus flexibles et moins exigeantes que celles imposées par d'autres pays d'accueil de migrants, assurant qu'une fois régularisés, les immigrés auront les mêmes droits et obligations que les Nationaux.
Pour sa part, le délégué interministériel aux droits de l'Homme, Mahjoub El Hiba, a fait savoir que cette opération exceptionnelle sera appuyée par un nouveau cadre juridique et institutionnel à travers la mise à niveau de la législation relative à la migration, l'asile et la traite des êtres humains, selon une approche globale, humaniste et de droits de l'Homme fondée sur les dispositions de la Constitution.
Le Président du CNDH, Driss El Yazami, a, quant à lui, souligné que le Maroc s'engage dans un tournant historique, puisqu'il est le premier pays du Sud à avoir adopté une politique relative aux migrants et demandeurs d'asile.
Pour rappel, le CNDH a préconisé dans un rapport thématique relatif à la situation des migrants et des réfugiés au Maroc, soumis à l'appréciation du roi Mohammed VI, la mise en œuvre d'une véritable politique publique protectrice des droits, basée sur la coopération internationale et associant la société civile.