La campagne pour le premier tour des élections présidentielles et législatives de la Guinée-Bissau s'est terminée vendredi soir sans aucun incident dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest où quelque 775.000 électeurs iront aux urnes dimanche pour élire un président de la République et 102 députés à l'Assemblée nationale.
Les thèmes dominants développés par les 13 candidats à la présidentielle et ceux des 15 listes aux législatives, ont tourné autour de la réconciliation, de la réforme dans les secteurs de défense et de sécurité et de la lutte contre la corruption, le trafic de drogue et la pauvreté.
La plupart des candidats ont clôturé leur campagne dans la capitale Bissau, en particulier, José Mário Vaz, candidat du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Abel Iamedi Incada du Parti de la rénovation sociale (PRS), et les indépendants Paulo Gomes et Nuno Gomes Nabiam, qui sont considérés comme les favoris de la présidentielle par les analystes.
Selon la Commission électorale nationale (CNE), 2.983 bureaux de vote, dont 28 à l'étranger, seront ouverts et plus de 500 observateurs internationaux suivront les élections.
Dans un message à la nation ce samedi, le président de la République de transition Serifo Nhamadjo a demandé aux électeurs d' accomplir leur devoir civique, aux candidats et partis politiques de reconnaître le verdict des urnes.
Selon la loi électorale bissau-guinéenne, le vote commence à 7 heures du matin et se termine à 17 h. La publication des résultats est prévue au plus tard 10 jours après la clôture du scrutin.
Selon le politologue bissau-guinéen Fafali Koudawo, les élections générales de ce dimanche ouvrent un nouvel espoir pour les Bissau-guinéens, si on se réfère aux discours sur la gouvernance prononcés tout au long de cette campagne électorale.
"La Guinée-Bissau a besoin d'un président de la République et d' un gouvernement avec des visions claires et réalistes afin de sortir le pays de la crise sociopolitique chronique", a déclaré M. Koudawo.
Pour lui, la base électorale est essentielle à la future élection du président de la République. Cependant, a-t-il reconnu, il y a des candidats indépendants avec de bonnes références, même s'ils manquent de bases électorale.
"Il est plus probable que les candidats avec le soutien du parti, en particulier le PAIGC et le PRS, gagnent les élections présidentielles du dimanche prochain", a conclu M. Koudawo.
Cette opinion est partagée par Mamadou Cande, président de l'Union nationale des journalistes de la Guinée-Bissau, qui redoute tout de même des dérapages.
"Il y a toujours des risques, surtout dans un pays fragmenté, où il y a des interférences constantes de l'armée dans les affaires politiques", a souligné Mamadou Cande.
Il a toutefois estimé que les élections du 13 avril seront libres, justes et transparentes.
Pour le chef de mission d'observation électorale de l'Union européenne, Krzysztof Lisek, membre du Parlement européen, "le processus est dans un bon rythme", malgré quelques faiblesses constatées.
De même, le chef de la mission d'observation électorale de l'Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA), Lancina Dosso, considère que l'organisation du processus électoral est " très satisfaisante".
"Plus de 4.000 hommes des forces conjointes de la CEDEAO et de la Guinée- Bissau sont sur le terrain pour garantir la protection effective du processus de vote en cours", a déclaré M.Dosso qui s' est déclaré optimiste quant au bon déroulement des élections du 13 avril.
Enfin, le chef d'état-major des forces armées, Antonio Injai, a promis une sécurité efficace pour tous les candidats et a assuré qu'il n'y aura aucune ingérence des militaires dans le processus électoral.
Les élections générales doivent permettre à la Guinée-Bissau de retrouver une vie constitutionnelle normale et de renouer avec la communauté internationale qui avait suspendu son aide à la suite du coup d'état d'avril 2012.