Le compte à rebours a commencé pour les élections présidentielles de 2015 en Côte d'Ivoire et les campagnes se multiplient en vue d'un scrutin apaisé.
Au cours d'un séminaire qui a débuté mardi à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, à l'initiative de l'Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines (ASCAD), des leaders sociaux ont plaidé pour l'instauration d'un environnement dénué de toute violence.
"Il convient de créer un espace de dialogue entre les différents acteurs pour instaurer un climat apaisé", a recommandé à cette occasion le professeur d'université Ouraga Obou.
Celui-ci a interpellé les partis politiques et les organismes en charge de l'organisation des élections, afin que chacun joue sa partition dans l'intérêt de la paix.
Selon M. Obou, "les élections sur le continent sont vécues par les populations comme des moments de grande hantise, alors que celles-ci devraient être des moments de libre expression de leur droit au vote".
La Commission électorale indépendante (CEI) tente aussi à son niveau de sensibiliser la population à un scrutin apaisé.
Lors d'une intervention mardi, le président de cette institution en charge d'organiser le scrutin, Youssouf Bakayoko, a fait remarquer que la violence lors des élections en Côte d'ivoire est plus liée à "un manque de culture démocratique, de culture politique et de conscience citoyenne" qu'aux instruments juridiques et judiciaires qui régissent l'élection dans le pays.
RESPECTER LE VERDICT DES URNES
"Ce qui nous manque c'est une culture de la démocratie pour se conformer au verdict des urnes, une culture politique pour accepter le fait majoritaire, une conscience citoyenne qui nous impose le respect de la volonté du peuple'', a déclaré M. Bakayoko.
"J'ai la conviction que nous disposons de tous les instruments juridiques et judiciaires, pour que toutes les élections se déroulent dans de bonnes conditions et sans violences", a-t-il toutefois relevé, appelant les Ivoiriens à accepter le principe de la possibilité d'une alternance démocratique qui, selon lui, est "la garantie d'élections non contestées et sans crise".
"Il importe d'élaborer et mettre en œuvre à l'école et au sein des formations politiques, un véritable programme d'éducation civique à la démocratie, à la paix et à la non-violence électorale", a conclu Youssouf Bakayoko, faisant état du "rôle important "de la CEI dans la lutte contre la violence électorale.
Celui-ci a réitéré l'engagement de la Commission électorale à organiser des élections justes, transparentes et crédibles.
Le président de la Jeunesse unie pour la démocratie (JUD) Pascal Kobenan a pour sa part entrepris une tournée début mai pour exhorter la jeunesse ivoirienne à se préparer pour des élections sans heurts.
"Les élections sont une occasion pour un peuple de choisir librement son leader. C'est un jeu démocratique que nous devons préserver et non un combat fratricide", a insisté M. Kouman.
"Une élection se prépare. Et nous devons ensemble oeuvrer pour que ce rendez-vous électoral se passe dans le calme et dans la paix", a-t-il ajouté.
De son avis, des campagnes doivent se succéder à tous les niveaux jusqu'à octobre 2015, date prévue pour les élections présidentielles, afin de garantir un scrutin paisible.
L'ONU S'IMPLIQUE
En mission de paix en Côte d'Ivoire depuis une dizaine d'année, l'ONU s'implique également dans le processus et engage constamment les populations à la préservation d'un environnement électoral apaisé.
Ces derniers mois, la mission onusienne a organisé plusieurs séances de sensibilisation sur des élections présidentielles apaisées dans plusieurs régions du pays, dont Toulepleu, Bogouiné (ouest), Divo, San Pedro (sud-ouest), Niellé et Ouangolodougou (nord).
Les populations ont été sensibilisées sur les valeurs de non-violence, de tolérance et d'acceptation de l'autre.
Plusieurs responsables onusiens ont appelé les communautés à faire preuve de fair-play et de tolérance politique, afin de créer les conditions d'un environnement électoral apaisé, dans le respect des règles du jeu démocratique.
Lors d'un déplacement fin février à Daloa (centre-ouest), la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, a estimé que "les élections de 2015 seront un tournant dans la vie politique et économique de la Côte d'Ivoire".
Mme Mindaoudou a ainsi appelé les Ivoiriens à surmonter leurs divergences politiques aux fins d'éviter au pays une autre crise postélectorale.
"Les Ivoiriens doivent montrer qu'ils ne veulent plus retourner à la crise électorale de 2010. Pour cela, il faut organiser des élections propres", a-t-elle noté.
Au regard des campagnes répétées, des leaders communautaires à l'exemple d'Elise Gbato, leader d'une organisation féminine, ont fait la promesse d'assurer le relais sur le terrain, afin que les élections présidentielles de 2015 se déroulent dans la sérénité, et qu'elles ne soient pas encore l'occasion de troubles comme ce fut le cas en 2010.