La levée partielle de l'embargo de l'ONU sur les armes en Côte d'Ivoire semble être accueillie avec satisfaction par des autorités et observateurs qui font état d'une incidence subséquente et remarquable sur la situation sécuritaire dans le pays.
Pour plusieurs observateurs, les forces de sécurité ne pourront être efficaces que si elles sont suffisamment outillées.
"Pour combattre l'insécurité, la police et le gendarmerie doivent posséder des armes plus dissuasives, sachant que les criminels opèrent avec des armes à feu parfois sophistiqués", a estimé Parfait Abemou, enseignant dans une université publique.
"Même dans le cadre d'une opération de maintien d'ordre et ce en cas d'émeutes, les forces de sécurité doivent posséder suffisamment de moyens conventionnels tels que les grenades assourdissantes, des grenades lacrymogènes, les balles en caoutchouc, etc", a-t-il noté.
COMBATTRE LE PHÉNOMÈNE DES BANDES ARMÉES
De l'avis d'un officier de la gendarmerie, cette décision de l'ONU permettra à coup sûr une réduction drastique du phénomène des bandes armées qui écument les routes.
"Les forces de l'ordre, si elles ont les armes adéquates, pourront prendre à bras-le-corps cette question et pourquoi pas neutraliser ces individus armés qui commentent des exactions sur les routes", a-t-il énoncé.
Pour celui-ci, "à défaut d'une sécurité optimale, l'on aura tout au moins une sécurité très améliorée".
Pour le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, l'allègement de l'embargo sur les armes permettra à la police et la gendarmerie de disposer des matériels nécessaires dans le cadre de leur mission.
"Beaucoup de critiques ont été faites concernant le phénomène des bandes armées. Mais sans armes, on ne peut rien faire. Il est donc bon que le pays dispose d'armes qui permettront à la police et à la gendarmerie d'agir avec efficacité contre les malfaiteurs", a-t-il énoncé.
Réagissant au lendemain de la décision d'allègement prise par l'ONU, le ministre ivoirien de la Défense Paul Koffi Koffi a pour sa part a indiqué l'aspect salutaire de cette mesure.
UN BOND EN AVANT ?
Pour Paul Koffi Koffi, cette levée permettra à la Côte d'Ivoire de faire un autre bond en avant.
"La Côte d'Ivoire peut acquérir conformément aux règles du marché des armes légères de petits calibres issues d'important marchés conclus. Cela va permettre aux forces de monter en puissance pour la lutte contre le grand banditisme. Cela va mettre à l'aise nos hommes sur le terrain", s'est réjoui le ministre.
Celui-ci s'est dit convaincu que dans les jours à venir la situation sécuritaire va changer, les policiers et autres gendarmes étant pour la grande majorité désarmés depuis la fin de la crise post-electorale.
"Une ouverture est faite en matière d'acquisition d'armes lourdes. La Côte d'Ivoire doit faire une notification auprès du conseil de paix et de sécurité," a-t-il soutenu, relevant aussi que la Côte d'Ivoire se dote d'un armement naval.
Un expert de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (Comnat Alpc) a rappelé que" des dépôts d'armes et de munitions ont été pillées durant la crise post-électorale" et que "beaucoup d'armes ont été emportées".
Pour un autre observateur, il est donc impérieux de renouveler le stock d'armes et de munitions pour la police et la gendarmerie et même de le renforcer.
Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté mardi à l'unanimité de ses 15 membres la levée de l'embargo frappant les exportations de diamant brut et les armes en Côte d'Ivoire.