Dernière mise à jour à 09h12 le 22/03
Le président du tribunal de Commerce de Casablanca a prononcé lundi la mise en liquidation judiciaire de la première et unique société marocaine de l'industrie de raffinage (SAMIR), installée à Mohammedia (70 km au sud-ouest de Rabat).
A l'arrêt depuis août 2015, à la suite de graves difficultés financières, la SAMIR est officiellement déclarée en liquidation judiciaire. La continuation de l'activité a cependant été autorisée par le tribunal de Casablanca pendant une période de trois mois. L'actionnaire de référence, le groupe Corral, propriétaire de la raffinerie, a tenté de sauver les meubles. Durant l'audience du 7 mars, le management de La SAMIR a présenté son propre plan de redressement. Celui-ci qui prévoyait, entre autres, l'injection de 6 milliards de dirhams dans le capital de la compagnie (environ 536 millions d'euros) entre 2016 et 2019. Mais cela n'a pas suffi pour convaincre les magistrats.
Et pour cause, une assemblée générale extraordinaire de la SAMIR avait fait valider, en octobre dernier, une recapitalisation de l'entreprise de l'ordre de 10 milliards de dirhams. Sauf qu'en novembre, Corral Group s'est rétracté et se refusait à injecter sa quote-part.
Le groupe a préféré introduire une procédure judiciaire pour un règlement à l'amiable de ses dettes dépassant les 20 milliards de dirhams, dont 13 milliards dus à l'administration des douanes. En tout état de cause, un rapport d'experts indépendants désignés par la justice avait conclu que la situation de l'entreprise était irrémédiablement compromise.
Le raffineur marocain est confronté à des difficultés financières l'empêchant de poursuivre son activité normale. Selon SAMIR, la dette de la société, qui a été touchée par le recul des cours de pétrole, s'élève à plus de 20 milliards de dirhams. Les pertes du groupe en 2014 se sont chiffrés à 3,42 milliards de dirhams, soit un niveau record qui l'avait contraint à émettre un profit warning le 10 décembre 2014. Ses titres ont également été suspendus de la cotation à la Bourse de Casablanca, à la demande du Conseil déontologique des valeurs mobilières du Maroc.
En 2015, la SAMIR avait finalisé avec succès, des accords de financements avec des institutions internationales de premier rang, ce qui a porté le montant global des facilités bancaires à l'étranger à près de 600 millions de dollars. La convention Murabaha de 235 millions de dollars, signée avec la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC), est entrée en vigueur en février 2015. Par ailleurs, le groupe américain Carlyle, troisième plus grande société d'investissement dans le monde, a accordé à la société une facilité de 350 millions de dollars pour financer ses activités d'import de matières premières. D'autres négociations ont été également entamées avec des institutions financières et traders de matières premières pour l'octroi d'un financement à long terme de 400 millions de dollars, adossé à des contrats commerciaux.
Samedi dernier, une marche de solidarité avec les employés de la SAMIR a été organisée, à Mohammedia, à l'appel du comité de coordination local, pour revendiquer la reprise de la production, la protection des intérêts, des droits des personnes lésées. Les participants à la marche dont, notamment des personnalités syndicales, politiques, militant pour la défense des droits de l'homme, associatives, ont critiqué les positions adoptées par les actionnaires de la société, le gouvernement et le président directeur général de la société depuis sa privatisation jusqu'à la faillite.
Un communiqué du comité local de suivi de la crise de la société SAMIR a revendiqué la reprise de la production à la raffinerie de pétrole de Mohammedia et la protection de l'industrie du raffinage du pétrole pour renforcer la sécurité énergétique. Il appelle l'Etat à nationaliser la société précitée, à la sauver de la faillite et à ouvrir une enquête pour définir les responsabilités dans la faillite de la raffinerie.