Dernière mise à jour à 08h50 le 25/02
Un tribunal égyptien a rendu une sentence à vie pour le moins étonnante, pas tant pour sa durée -la justice égyptienne a parfois la main lourde- mais bien plutôt du fait de la personne condamnée : le « criminel » présumé est un jeune garçon âgé d'à peine plus de trois ans ! Inutile de dire que cette étrange affaire ne dérange guère le jeune Ahmed Mansour Qorany Sharara... Un tribunal militaire l'a rien moins que jugé coupable, avec 115 autres personnes, d'avoir tué trois personnes et endommagé des biens de l'Etat lors d'une manifestation de soutien au président déchu Mohamed Morsi en 2014. Ahmed était âgé de 16 mois à l'époque. Après le verdict et le tumulte qui a suivi sur le sort du garçonnet, l'armée a admis une erreur d'identité. Cependant, ses parents restent inquiets parce que, en dépit des évidences, la police s'est encore informée sur les allées et venues du bambin...
Néanmoins, après avoir reçu des assurances de la part de responsables qui lui ont dit que ni lui ni son fils ne seront arrêtés, le père du garçon, Mansour Qorany Sharara, est revenu dans la maison familiale dans la province du Sud du Fayoum après près de 18 mois de cavale, tant il craignait d'être arrêté avec son fils. Il avait fui les autorités qui l'avaient déjà détenu quand ils étaient venus arrêter son jeune fils. Le verdict de culpabilité, rendu le 16 février, avait provoqué un tollé. « Comment les gens peuvent-ils faire confiance à la justice quand ils voient cela ? », a réagi Wael Elebrashy, présentateur de télévision, quand il a interviewé le père de l'enfant dans un studio du Caire samedi.
M. Sharara a dit avoir déjà beaucoup souffert à cause des accusations portées contre son fils. Lorsque la police est d'abord venue arrêter Ahmed au début de 2014 et s'est rendu compte que c'était un enfant en bas âge, ils ont emmené son père en garde à vue à la place. M. Sharara a été détenu pendant quatre mois avant qu'un juge le libère. Devant ses craintes d'être arrêté à nouveau, un collaborateur du Ministre de l'intérieur a appelé l'émission de Wael Elebrashy pour dire que ce fut une erreur d'identité. L'homme en question, le général Abou Bakr Abdel Karim, a promis qu'Ahmed et son père ne seraient pas emprisonnés.
L'armée a publié une déclaration le lendemain disant que la personne recherchée dans cette affaire était un jeune de 16 ans qui avait fui les autorités, et qui avait le même nom que Ahmed. Ces assurances n'ont cependant pas totalement dissipé les craintes de la famille. « S'il est vrai que c'était une erreur d'identité, pourquoi sont-ils venus arrêter le garçonnet ? Pourquoi les forces de sécurité n'ont-elles pas arrêté le vrai coupable alors ? » a dit à CNN Mahmoud Abou Kaf, avocat. Les avocats des autres accusés avaient également montré le certificat de naissance d'Ahmed à la cour, dans l'espoir de discréditer les enquêtes qui avaient conduit à l'arrestation de leurs clients.