Dernière mise à jour à 08h39 le 13/01
L'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) ont observé mardi un sit-in devant le Parlement marocain après l'approbation par le gouvernement des projets de loi relatifs à la réforme des retraites.
Ces centrales, qui se disent absolument contre la réforme décidée unilatéralement par le gouvernement, imputent au gouvernement et à son chef les conséquences de cette décision qui, estiment-elles, constitue une réelle menace à la paix sociale.
Ces quatre centrales syndicales ont dénoncé la tentative du gouvernement d'imposer le fait accompli dans la réforme des retraites, lui imputant la responsabilité des incidences graves qui s'ensuivront. Dans un communiqué conjoint, l'UMT la CDT, l'UGTM et la FDT se sont indignés devant l'indifférence du gouvernement face aux propositions et recommandations du corps syndical, tenant l'Exécutif pour responsable de la détérioration de la paix sociale à cause de son "entêtement et son insistance pour éliminer le mouvement syndical et à compromettre le dialogue social". Les quatre syndicats ont, de même, réitéré leur rejet catégorique et de principe de toute réforme des régimes de retraite, opérée aux dépens des salariés et adhérents et visant à relever l'âge du départ à la retraite, à augmenter les prélèvements ou encore à réduire les pensions.
En dépit des levées de boucliers, le projet du chef du gouvernement de réforme des retraites a réussi à passer le cap du Conseil de gouvernement de jeudi dernier. Ce qui amène Mustapha El Khalfi, ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement marocain, qui s'exprimait lors d'un point de presse, à qualifier l'adoption de la réforme de "moment historique".
Selon les termes de ce projet de loi, les fonctionnaires ne devraient désormais partir à la retraite qu'à l'âge de 63 ans en 2019, au lieu de 60 ans actuellement. Graduellement, les salariés du public qui auraient atteint 61 ans en 2017 pourraient bénéficier d'un repos bien mérité, puis ceux ayant 62 ans en 2018 et enfin les fonctionnaires âgés de 63 ans en 2019. Parallèlement, les cotisations des quelque 400.000 fonctionnaires de la Caisse marocaine des retraites (CMR) devraient augmenter de 20% à 24%.
Ainsi, la réforme des systèmes de retraite se fera en deux étapes. La première, d'une urgence capitale, vise à réduire le déficit chronique du régime des retraites civiles relevant de la CMR à travers une réforme paramétrique. Celle-ci doit se traduire par le relèvement de l'âge de départ à la retraite à 61 ans à partir de janvier 2017, à 62 ans en 2018 et à 63 en 2019. Par la suite, une étude sera lancée pour examiner la nouvelle situation financière du régime des retraites civiles.
Dans la même lancée, la durée minimale de travail effectif exigée pour le départ à la retraite anticipée passera de 15 à 18 ans pour les femmes et de 21 à 24 ans pour les hommes. D'autres mesures sont prévues, notamment la hausse de la participation de l'Etat et des adhérents de 4 points sur 4 ans à partir de la date d'entrée en vigueur de la réforme. Le calcul de la pension devra se baser sur le salaire moyen des 8 dernières années de façon progressive pendant 4 ans à partir de janvier 2017.
Le taux annuel de calcul de la pension passera de 2,5 à 2% pour les droits acquis à partir de la même date. Cette reconfiguration permettra également d'augmenter la valeur des pensions minimales de 1.000 à 1.500 dirhams par mois de façon progressive sur trois ans à partir de la date d'entrée de la réforme. En parallèle, le gouvernement devra lancer le chantier d'élargissement de la couverture, notamment à travers deux projets de loi visant la création d'un régime pour les indépendants et un autre pour les personnes exerçant des activités non rémunérées. Ces deux régimes concernent une population active de 3 millions de personnes.
Les deux projets de loi seront présentés avec les autres textes relatifs à la réforme du régime des retraites civiles. A terme, le gouvernement veut mettre en place, dans une deuxième étape, deux grands pôles de retraites. Le premier concerne le système civil relevant de la CMR et du RCAR en tant que système de base et complémentaire. Le deuxième, privé, sera géré par la CNSS, en plus d'un régime complémentaire.