Dernière mise à jour à 13h54 le 27/12
Au Niger, 2018 aura été sur le plan sécuritaire une année de dures épreuves particulièrement marquée par la persistance des attaques et des enlèvements de citoyens par les groupes terroristes, en dépit d'énormes efforts déployés par l'Etat et ses partenaires pour les combattre, a-t-on observé.
Face à cette montée du terrorisme et du crime organisé pour lesquels son peuple a payé "un lourd tribut", le président nigérien Mahamadou Issoufou a promis le 18 décembre dernier, dans son message à la nation à l'occasion du 60e anniversaire de la République, de poursuivre "avec fermeté le combat contre les forces du mal jusqu'à la victoire finale".
En effet, cette année encore le Niger a continué à subir dans certaines zones frontalières les exactions sur trois fronts très actifs des organisations terroristes, dont les groupes armés et autres bandits qui contrôlent le Sud de la Libye depuis le renversement en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, des groupes terroristes proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d'Ansar Dine et d'autres mouvements basés dans le nord du Mali, et le groupe terroriste Boko Haram logé au Nigeria depuis 2009 qui sème la terreur dans la région de Diffa (extrême sud-est).
A cela est venu s'ajouter tout le long de l'année un nouveau foyer d'insécurité dans l'extrême sud-ouest du pays, au niveau de la région des "3 frontières" (Niger-Mali-Burkina Faso) entretenu par d'autres groupes djihadistes qui mettent en péril les personnes et les biens.
D'après les statistiques officielles, ces groupes terroristes ont fait cette année encore des dizaines de victimes civiles et militaires nigériennes et autant de déplacés auxquels s'ajoutent une vingtaine de personnes enlevées. Ceci en dépit de l'état d'urgence proclamé par le gouvernement dans toutes les zones affectées pour mener efficacement la lutte contre l'ennemi, et les moyens consistants mobilisés par le gouvernement (15 à 17% du budget national, selon les autorités nationales) ainsi que les différentes opérations engagées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes sur tous les théâtres appuyées par les armées des pays voisins (Tchad, Cameroun et Nigeria) dans le cadre d'une force multinationale mixte ainsi que les armées de certains pays occidentaux.
Parmi les attaques les plus meurtrières, les Nigériens gardent encore en mémoire la mort tragique en juillet dernier d'au moins dix soldats nigériens et la disparition de quatre autres dans une attaque de leurs positions par le groupe terroriste Boko Haram, à Bilabrim dans la région de Diffa, et l'assassinant en janvier dernier de sept autres agents des FDS et la disparition d'un soldat, tandis que dix-sept ont été blessés dans une attaque similaire à Toumour, région de Diffa, ainsi que le massacre en mai dernier de 17 civils du campement de nomades peuls d'Aghey de la commune d'Inatess (Ouest du pays, proche de la frontière malienne) par des individus armés probablement venus du Mali.
La mort de neuf personnes tuées par deux kamikazes de Boko Haram, qui a également fait 37 blessés dont 8 graves, en juin dernier dans la ville de Diffa, celle le 22 novembre de huit personnes dont sept employés nigériens de la compagnie française Foraco, à Toumour dans un attentat de Boko Haram, le décès dans cette même localité de cinq civils dans une attaque de la secte islamiste en mars, et de trois gendarmes dans l'attaque de leur poste par des hommes armés à Goubé au cours du même mois, suivis de la tuerie de huit civils par des bandits armés dans les localités de Tanfadara, Rounfa et Margou viennent également allonger la liste noire des victimes du terrorismes en 2018.
Pire, depuis près d'un an, les terroristes ont amplifié ce climat d'insécurité par des enlèvements de civils. C'est ainsi qu'en plus des 39 femmes et enfants enlevés par Boko Haram depuis juillet 2017 à N'guéléwa, dans la région de Diffa, qui n'ont jamais été retrouvés, une quinzaine d'autres jeunes filles de la commune de Toumour, dans cette même région, ont été kidnappées dans la nuit du 23 au 24 novembre dernier par un groupe de la secte, a-t-on appris de source parlementaire.
Dans l'ouest du pays, deux Occidentaux (un prêtre italien et un ressortissant allemand) ainsi qu'un chef coutumier à Bolsi (Torodi), ont été kidnappés par des individus armés et restent toujours introuvables.
D'autre part, de sources sécuritaires, plusieurs centaines de terroristes sont tombés et autant de combattants capturés cette année au cours des différentes opérations menées par les FDS ou dans des attaques contre les compagnies militaires, comme ce fut le cas lors des opérations simultanées de Boko Haram visant trois positions des FDS le 21 juillet à Baroua, dans la région de Diffa, où plusieurs assaillants ont été tués, dans l'opération engagée au cours de ce mois suite à l'enlèvement d'un chef coutumier de Bolsi, dans le département de Torodi (sud-ouest).
Par ailleurs, il est à souligner également le début en mars dernier à Niamey, des procès de membres présumés du groupe terroriste Boko Haram, transférés à partir de juillet à Diffa, pour motif "d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste". Au total, ce sont un millier de prévenus soupçonnés jihadistes de la secte Boko Haram qui sont jugés, pour la première fois, dans un procès délocalisé de la capitale à Diffa, région d'origine des accusés, ont rapporté les médias locaux.
Parallèlement, depuis janvier, une trentaine de nouveaux combattants de la secte se sont rendus aux autorités de la région, dans le centre de déradicalisation mis en place par le gouvernement depuis décembre 2016. Au total, ils sont environ 200 terroristes à se repentir et à se rendre aux autorités avec armes et bagages depuis le début de l'opération.
Toutefois, le président Issoufou a promis que le combat contre le terrorisme allait continuer avec plus de fermeté et une nouvelle approche "jusqu'à la victoire finale".
C'est dans cette perspective, a-t-il précisé, que les chefs d'Etat des pays du bassin du lac Tchad (Cameroun, Libye, Niger, Nigeria, Centrafrique et Tchad), se sont réunis à Ndjamena le 29 novembre dernier et à Abuja le 15 décembre passé pour adopter de nouvelles stratégies afin de mieux combattre le groupe terroriste.
De même, au niveau du G5 Sahel, dont il assure actuellement la présidence, M. Issoufou a souligné les importants efforts déployés par lui-même et ses pairs pour mobiliser, le 23 février 2018 à Bruxelles, 424 millions d'euros au profit de la force conjointe regroupant les militaires nigériens, tchadiens, mauritaniens, maliens et burkinabés, pour combattre le terrorisme dans la zone sahélienne.
Cette monté en puissance du terrorisme et du crime organisé au Niger et dans toute la zone sahélienne en général, alors que se poursuit l'implantation sur le territoire national de plusieurs bases militaires de puissances occidentales (France, Etats-Unis, Allemagne, Italie) à travers un déploiement massif d'hommes et de matériels de guerre très sophistiqués, accompagnée de la réalisation d'importants investissements, pour "soutenir l'opération française Barkhane au Sahel et d'autres besoins régionaux", dans la lutte contre les forces terroristes et autres trafiquant de drogues qui opèrent dans la zone, suscite incompréhension et indignation chez bon nombre de Nigériens.
Les plus hautes autorités du pays dont le président Mahamadou Issoufou, également président en exercice du G5 Sahel, ont, à toute occasion, jugé nécessaire la présence au Niger de ces puissances en vue notamment de sécuriser les frontières nationales, et au-delà, l'ensemble de l'espace sahélo-saharien.