Dernière mise à jour à 09h35 le 01/10
La mission de haut niveau de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), arrivée jeudi matin à Bamako, a quitté la capitale malienne en début de soirée sans faire de déclaration sur l'objet de son déplacement consistant à obtenir la libération des 46 militaires ivoiriens détenus depuis le 10 juillet par la junte militaire. Celle-ci les accuse d'être des ''mercenaires'' voulant porter atteinte à la sûreté de l'Etat.
Conduite par les présidents gambien Adama Barrow et ghanéen Nana Akufo-Addo, cette mission qui était aussi composée du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, et du médiateur de la CEDEAO pour le Mali, Goodluck Jonathan, a eu de longs entretiens avec les autorités maliennes, sous forme de séances de travail restreintes et à huis clos entre le président malien Assimi Goïta et ses deux homologues.
M. Goïta a dit dans un tweet avoir eu avec eux des "échanges francs et sincères sur des questions d'intérêts régionaux. Attaché à sa souveraineté, le Mali reste ouvert au dialogue''.
En dehors de la CEDEAO, la libération des soldats ivoiriens a été réclamée à maintes reprises par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Lors de son discours à la tribune des Nations Unies le 24 septembre dernier, le Premier ministre par intérim du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, a déclaré que son pays se tenait scrupuleusement à la note verbale de la MINUSMA du 22 juillet dans laquelle il ressort clairement qu'il n'existe pas de liens entre les ''49 mercenaires'' et les Nations Unies.
Les efforts déployés par la médiation togolaise, sous le leadership du président Faure Gnassingbé, ont permis la libération des trois femmes parmi les 49 soldats, en marge de la 3e réunion du Groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali tenue début septembre à Lomé au Togo.
Mais lors d'une audience accordée le 9 septembre au ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, le colonel Goïta a fait comprendre que, au même moment où la Côte d'Ivoire demande la libération de ''ses soldats'', elle continue de servir d'asile politique à certaines personnalités maliennes faisant l'objet de mandats d'arrêt internationaux émis par la justice.
Selon le président malien, ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d'Ivoire ''pour déstabiliser'' son pays. D'où, a-t-il préconisé, la nécessité d'une solution durable à l'opposé d'une solution à sens unique qui consisterait à accéder à ''la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali''.
Cette déclaration a naturellement provoqué la réaction des autorités ivoiriennes et, à la suite d'un conseil national de sécurité extraordinaire tenu le 14 septembre, elles ont répondu par une fin de non-recevoir à la demande d'extradition des personnalités maliennes. Pour Bamako, en dénonçant une ''prise d'otages'' et en exigeant la ''libération sans délai de ses soldats'', Abidjan est en train d'adopter ''une posture de victime''.
Dans un communiqué publié le lendemain, le gouvernement malien a accusé la Côte d'Ivoire de vouloir ''transformer une affaire bilatérale en une crise diplomatique'', avant de mettre en garde ce pays voisin contre ''toute tentative de manipulation (de la CEDEAO) visant à se soustraire de sa responsabilité vis-à-vis du Mali pour une affaire judiciaire''.
Depuis lors, la médiation togolaise s'est trouvée dans une impasse.